THE ELDERBERRIES – Ignorance and bliss

Chronique
Power Pop Multinationale / 2009. N’ayant malheureusement toujours pas le temps d’écouter l’intégralité des sorties mondiales, j’étais passé un peu à côté de « Nothing ventured nothing gained », le premier album de The Elderberries et ce n’est qu’en octobre dernier que j’ai vraiment découvert le groupe via la compilation du Fair. A l’époque lorsque j’avais écrit ici sur le RLM mes premières impressions sur la sélection 2009, j’avais dit la chose suivante sur The Elderberries : « Rock’n’roll aux accents stoner, entre AC/DC et les Whites Stripes. Du riff, de la sueur et du poil, pour ce jeune groupe aux nationalités multiples, qui sait taper là où ça fait mal. » Sans avoir totalement raison, je ne m’étais pas non plus complètement trompé.

« Ignorance & Bliss » leur deuxième album commence nerveusement avec « Au Bikini », un super titre où on sent le groupe hésiter entre l’énergie pop et la lourdeur du stoner. Ca faisait tellement longtemps que je n’avais pas écouté de la power pop de qualité que « Lost My Way » me colle un sourire immédiat. C’est comme si Queens Of The Stone Age avait décidé de voler les fans au Weezer de la première époque. « It doesn’t really matter » maintient largement ce cap, pop et sucré à la manière d’un gros single anglais.

Malheureusement, entre les titres qui font mouche grâce à une vraie science du riff et de la mélodie power pop, l’opus s’encombre forcément de cartons d’idées qu’il aurait été dommage de jeter mais qui n’ont pas non plus leur place sur un grand disque : « Visions », un titre un peu putassier qui, malgré une très bonne intro, en fait des tonnes pour pas grand chose ; « False Acquaintance » une chanson un peu légère qui part facilement dans les « lalala » ; puis des chansons sympathiques mais qui n’aident pas le groupe à sortir du lot comme « We should be runnning » ou « Sick of Silence » un titre comme on en fait plus depuis les années 90 (sans aucun sarcasme).

Il faut dire qu’en power pop, la limite entre l’excitant et le banal est souvent très faible, qu’il faut beaucoup de talent pour connaître parfaitement les contours de cette frontière et que The Elderberries est un groupe encore un peu jeune. De ce fait quelque soit le mal qu’il se donne, The Elederberries n’arriveront pas à jouer dans la court des grands avec cet album qui reste finalement assez conventionnel.

Néanmoins, le reste de l’opus est à l’avenant. « The Choice » est un titre de power pop anglais ultra efficace, juste rageux ce qu’il faut tout en restant hyper entraînant, on se croirait presque chez Foo Fighters, sentiment qui revient régulièrement au cours de l’album. Mêmes remarques pour « Gone Too Far » frais et puissant. « Ungracious » est lui aussi bercé par l’ombre des titres plus posés de QOTSA. Tandis que sur « Impostor », Chris Boulton, le chanteur, s’engage encore sur un chant post-grunge des plus crédibles.

The Elderberries est clairement un groupe à suivre, tant on sent ce band aux nationalités multiples capable de sortir dans le futur un album qui arracherait sec du début à la fin. Mais pour l’instant il faudra juste se contenter d’envolées énergisantes qui manquent encore de finesse. Maintenant il n’y a pas de mal à se laisser emporter par ce genre d’albums, d’autant plus que je suis persuadé que le groupe doit livrer de furieuses prestations scéniques.

Note : 6/10

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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