Artiste phare de la sélection 2014 du Fair et valeur montante de l’electro pop française, Saint Michel vient de sortir son premier album. Originaires de Versailles, Emile Larroche et Philippe Thuillier ont beau avoir dix ans d’écart, ils regardent tous les deux dans la même direction. L’un fait de la guitare, l’autre de la basse, et tous les deux trafiquent les machines, jouent du clavier et offrent, au travers de leur voix, une certaine densité aux ritournelles de Saint Michel.
Il est toujours difficile de gérer des projets de groupe à long terme : entre ceux qui n’arrivent plus à suivre le rythme des répètes, ceux qui ont d’autres projets qui se manifestent et ceux qui ne partagent pas les mêmes envies et les mêmes avis sur la direction artistique à prendre, le groupe peut rapidement se transformer en une entité qui fait du surplace et qui finit par s’auto détruire. C’est suite à la belle mort de leur ancien groupe que les deux membres de Saint Michel ont ainsi décidé de se recentrer sur un projet en duo plus flexible, plus intime et plus ambitieux. Et ça se sent dans chaque chanson. Les titres sont cohérents entre eux et tout se déroule comme s’il s’agissait de la vision d’un seul homme. On aime ces duos qui reposent sur un bel équilibre et il s’agit souvent d’une configuration intéressante qui permet d’emmener les projets loin (en particulier lorsqu’on parle de musique électronique, confère Daft Punk, Air et Justice…).
On sent l’influence de Radiohead dans sa version électronique, mais on entend aussi en toile de fond les affinités du groupe avec le jazz. Pourtant Saint Michel ne fait jamais dans l’electro triste ou dépressive. Il y a parfois un peu de mélancolie (sur « 77 » par exemple), mais la majorité du temps, on ressent un véritable optimisme à l’écoute des morceaux, sans que ceux-ci soient pour autant bêtement entrainants ou énergiques, rappelant ainsi le meilleur de Phoenix.
Sur des titres comme « Katherine » et « Would you stay », le groupe fait preuve d’une certaine candeur qui rend ses morceaux touchants et puissants sans jamais être forcés. Tout cela a l’air de couler de source. On pense parfois aux années 80 pour les sonorités, mais les constructions, elles, sont résolument modernes.
Il serait étonnant que Saint Michel n’arrive pas à faire son trou. Il a en tout cas dans sa poche nombre d’atouts, à commencer par un mélange de maturité et d’innocence. On ne s’amusera pas à dire que la première vient du plus vieux et la seconde du plus jeune, mais ce qui est sûr, c’est que ces deux-là se sont bien trouvés.
Saint Michel sera en concert à la Maroquinerie le 12 décembre et vous pouvez tenter de gagner vos places sur notre appli ICI !