Phoebe Killdeer, souvenirs de la Ricard S.A. Live Session N°2

Live report

Spontanément lorsqu’on évoque Phoebe Killdeer, on se rappelle avant tout combien Nouvelle Vague, le projet d’Olivier Libaux et Marc Collin, aura été une très belle expérience pour ses interprètes. C’est ainsi, tour à tour, Camille, Mélanie Pain et Phoebe Killdeer qui auront su profiter de ce tremplin. Mais à chaque fois, ce tremplin n’aura été qu’une étape dans la carrière de ses filles aux personnalités bien marquées. Dans le cas de Phoebe Killdeer, ce détour par la cold wave / bossa n’aura été qu’une brique de plus dans un parcours musical qui comprenait déjà des affiliations avec le hip hop et la pop anglaise, et qui aura débouché en 2008 sur Weather’s Coming, un album rock’n’roll râpeux et teinté de touches jazzy et soul. Sur ce premier album, on sentait l’ombre de Tom Waits planer : les rythmiques étaient particulièrement mises en avant, les styles et les différents typologies de son se mélangeaient, et sur scène, Phoebe Killdeer ne chantait pas qu’avec sa voix, mais avec tout son corps, et l’ensemble donnait un effet rocailleux, comme si elle avait été biberonnée aux blues crasseux dès son plus jeune âge.

Avec son second album Innerquake, sorti l’année dernière, Phoebe Killdeer est revenue avec un disque beaucoup plus homogène et habité d’une discrète mélancolie qui lui sied bien. Chaque chanson déploie une certaine langueur tout en restant rugueuse. Effectivement à son approche personnelle et à son univers riche et varié est venu se greffer l’impact de son groupe The Short Straws dont on sent ici une implication plus forte. Du coup Innerquake porte en lui un équilibre qui permet à la voix  de Phoebe Killdeer de trouver encore mieux sa place.

Sur le disque, énormément de chansons contaminent l’auditeur dès la première écoute : Pedigree, Twisted, Scholar et à la fin de l’album Angel’s Breath… Bien que produit à l’ancienne et sans artifice par Matt Verta-Ray, on aurait aimé qu’ Innerquake sonne encore plus rêche et qu’il capte encore mieux l’ambiance qui se dégage des concerts.


Phoebe Killdeer & The Short Straws avaient été lauréats de la sélection 2009 du Fair et c’est avec grand plaisir que nous les avons accueillis le 14 février dernier à  la Flèche d’Or dans le cadre de la Ricard S.A. Live Session N°2. Le fidèle Rod du Hiboo était là pour filmer la soirée et nous donne l’opportunité de revivre l’interprétation de Angel’s Breath.

Une fois encore, ce qu’on remarque en premier c’est cette complicité que Phoebe Killdeer a su développer avec ses musiciens : tous semblent complètement absorbés avec cette envie de noyer les chansons dans les amplis. Et puis il y a ce mélange de sensualité et d’âpreté qui escorte la chanteuse et qui forcément rappelle une fois de plus Pj Harvey. Elle est là bien en place, accompagnant chaque parole de grands mouvements, comme si elle prêchait.

La Ricard S.A Live Session n°3 se déroulera le 9 Mai, toujours à la Flèche d’Or et accueillera cette fois : Hugh Coltman, John Grape & Mrs GOOD. On est impatient de vous y retrouver !

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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