Cette deuxième journée de l’édition 2010 du festival Marsatac ressemblait fort à une soirée marathon, tellement la programmation s’annonçait prometteuse. À l’affiche, une sélection parfaite des meilleurs groupes de hip-hop du moment. Difficile dans ce conditions de tout couvrir sans risquer l’épuisement, mais alors que deux parcours se distinguaient assez nettement avec d’un coté les grosses têtes d’affiche et de l’autre un florilège de découvertes, j’ai fini par choisir les chemins de traverse pour couvrir un maximum de concerts.
Tout a commencé avec la très bonne entrée en matière servie par les Killer Meters. Le groupe remet la musique soul-funk au goût du live grâce à la voix puissante de sa chanteuse et à la maitrise technique des ses cinq musiciens.
Je savais que Beat Assailant frappe toujours très fort, mais ce soir c’est une vraie bombe jazz hip-hop qu’Adam Turner et ses acolytes ont lâchée pour chauffer la grande salle. Le set est réglé au micron près. Le groupe fait preuve de grande cohésion. Jusqu’à la fin, c’est une explosion de sonorités rock, blues, jazz et hip-hop avec un medley devenu célèbre dans lequel ils reprennent tous azimuts Rage Against The machine, Daft-Punk ou encore De La Soul.
Je m’éclipse une nouvelle fois à contrecœur, mais la déception n’est que de courte durée.
En bas, sur la scène du Cabaret Aléatoire un petit costaud un peu étrange et vêtu d’une cape noire, balance un flow de blanc d’une grande intensité sur des sons originaux et bien posés. Ain’t no magic in the breakdown baby !! sur un vieux sample jazz. Il s’agit de Sage Francis, première grosse découverte. Ce sera mon coup de cœur de cette soirée. Good vibe !
Je ne peux m’empêcher de rester quelques minutes de plus alors que Féfé vient déjà d’entrer sur scène. Lorsque j’arrive à mon tour, le public est hystérique. Féfé, avec sa pop bluesy a déjà mis le feu aux trois mille personnes présentes, mais une référence au 9-3 entraine une longue minute de sifflements dans le public dont Féfé — obligé de s’en excuser « Je n’y peux rien, je suis né là-bas » — ne se remettra jamais complètement. Le concert reste du coup en dessous de ce à quoi Fé² m’avait habitué (il ne fera qu’une courte incursion dans la foule), mais le public — qui a déjà oublié l’affront — lui, est conquis.
Je tente alors une percée au Cabaret Aléatoire pour le DJ Set de Beardyman. La foule est serrée. La petite salle est largement au delà de sa capacité normale et ondule au rythme de la transe drum’n’bass et des rythmes dancehall du beatboxer anglais.
Tumi and the Volume était le groupe que je ne voulais absolument pas rater. Ce fut un vrai régal. Les quatre Sud-Africains nous ont livré un Hip-hop puissant aux instrus variées et efficaces. Le trio groovy guitare basse batterie fonctionne à merveille et offre un support idéal au rap de Tumi Molekane. Avis aux amateurs de De la Soul, the Roots et autres !
D’ailleurs, c’est une autre légende du rap US qui se prépare en coulisse pendant le show très graphique du Scratch Bandits Crew. Talib Kweli, l’un des grands noms de la scène hip-hop américaine nous fait l’honneur d’un concert au beau milieu de la nuit. Le flow est puissant et c’est la folie à chacun de ses tubes, mais j’ai toujours un peu de mal avec l’acoustique des groupes US.
Je vous toucherais bien un dernier mot sur Lexicon et les Naïve New Beaters mais je suis épuisé. Les deux groupes pourtant — qui ont des styles finalement assez similaires — ont réussi à faire danser leurs publics respectifs.
La soirée se termine là pour moi. Je ne verrai pas le concert des The Qemists qui attaquait à plus de 3h du matin !