Comme l’an dernier, nous avons demandé à notre collaborateur/photographe Rod de couvrir et de vous raconter (à sa manière ! ) le festival Soirs d’Eté dont nous sommes à nouveau partenaire cette année. Compte-rendu de la cinquième soirée de concerts :
(Pour ceux qui n’auraient pas suivi, rdv à partir de 18h sur notre page Facebook pour retrouver toutes les photos de la soirée, et en attendant, celles des autres jours !)
5ème et avant-dernier jour du festival Soirs d’Eté, et ça commence à tirer un peu, le rythme est très soutenu, et les punchlines de haute voltige ne viennent plus aussi simplement – un génie n’est qu’un homme, avec ses faiblesses. Difficile de faire plus fort que les rousses VS prouts de vache ; j’en conviens, j’avais mis le paquet. Le matos a pris un peu cher hier, de la condensation s’étant vilement incrustée dans mon objectif principal (24-105mm IS L, best toy ever for gigs, trust me). Et ce sera la seule mauvaise nouvelle de la journée. En effet, si l’on excepte la fontaine « brumisateur » chargeant l’air d’humidité (tu crois pas qu’on a déjà eu notre dose, hein ?), la 3000000ème intervention des intermittents (j’vous aime hein, mais c’est relou sur 5 jours de suite), il n’y a rien eu à jeter, bien au contraire. Musicalement, les vainqueurs du jour s’appellent Naïve New Beaters et Zebda. Dans les deux cas, dire qu’ils ont mis le feu relèverait de l’euphémisme.
Résumons la prestation de MARC DESSE en un seul mot, voire, pour être plus précis, une onomatopée :
« euh … »
Next.
MUSTANG, ovni de la chanson française, avait pour lourde tâche de capter le public jusqu’à l’arrivée des fracassés du bulbe Naïve New Beaters. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les avis sont partagés. D’une part, les premiers rangs ne semblent pas forcément emballés. Ainsi, la jolie Loïs n’hésitera même pas à dire, je cite « c’est simplet ». Rien que ça. D’autre part, le seul avis qui compte, le mien. Et c’est posant les bases d’une humilité légendaire que je peux affirmer haut et fort que la prestation de Mustang fut tout simplement exceptionnelle. Les titres, faussement simples (si si Loïs, tu ne t’imagines même pas ce que Jean fait à la guitare !), sont de véritables balles rock n’ roll projetées avec force. Alors oui, là où je peux comprendre l’exaspération, c’est le côté rétro vintage du combo, plongeant bon nombre d’entre vous dans un état dubitatif justifié. Mais pour que tout le monde comprenne bien la qualité du projet, voici le texte « La Princesse au Petit Pois » – WARNING : texte résolument machiste, alors fais pas ta princesse, merci :)
La princesse au petit pois
Dans les récits contés autrefois
Était noblesse, grâce et bonne foi
Rien à voir et c’est clair avec toi
Comme une princesse au petit pois
Tu geins tu bêles tu hurles t’aboies mais …
Il est dans ta tête le petit pois
T’es conne t’es bête c’est tout voilà
Puisses-tu pleurer mille larmes sur moi
Prie qui tu veux mais personne ne viendra
Puisses-tu crever de rage mille fois
Le prince ton ex s’en va
L’amour nous hisse très haut parfois
Moi je haïssais tout chez moi
Ma faiblesse de n’être pour toi
Là sous tes fesses qu’un petit pois
Oh ma princesse au petit pois
Tu m’as dressé si bien si droit
J’aimais ma laisse entre tes doigts
La vie est laide laide sans toi
Puisses-tu pleurer mille larmes sur moi
Prie qui tu veux mais personne n’entendra
Puisses-tu crever de rage mille fois
Ton prince au fait n’aimait que toi
La princesse au petit pois
D’Hans Anderson finit comme ça
Une promesse d’amour et de joie
Et rien ne cesse personne ne s’en va
Puisses-tu pleurer mille larmes sur moi
Prie qui tu veux mais personne ne viendra
Puisses-tu trouver mille petits pois
Quand la nuit vient sous ton matelas
Et qu’ils te blessent t’empalent te broient
Le prince ton ex n’aimait que toi
Mais là, princesse, il s’en va
Oui, Mustang, c’est merveilleux. Et pis c’est tout (pis avoue que Lescop qui débarque sur leur reprise de la forêt, ça avait de la gueule)
Inutile de tergiverser sur la prestation des NAIVE NEW BEATERS, à l’image du groupe : barrée. Le public exulte, tous les bras sont levés, la Place de la République est enfin à nouveau bondée comme aux premiers jours, le danger de pluie est définitivement écarté. Des guests à la pelle (Izia, C2C, Mickey, Beat Assailant), une ambiance electrique à souhait, une setlist taillée sur mesure pour foutre le feu … à l’instar de Mustang, les Naive New Beaters font partie de ces groupes injustement boudés par la critique. OK, les petits esprits pourraient voir en ce combo atypique une sorte de « fête au village tagada tsouin tsouin » et, en apparence, on est clairement dedans. Mais lorsque l’on creuse, l’on s’aperçoit juste que la petite troupe de David Boring pond tube sur tube, que les mélodies sont tout sauf simplistes, et que leurs chansons ne ressemblent à rien de connu jusqu’alors. Bref, très bon groupe (franchement, David Boring, t’assures méchant), très bon concert et pourtant j’en ai vu ! (que c’est pratique de ne considérer que son avis, ça permet de gagner tellement de temps).
On finit dans la folie ultime avec ZEBDA. Je me rappelle qu’on m’avait traîné de force en l’an de grâce 1998 aux Champs Elysées pour être parmi des millions de veaux à fêter la victoire des Bleus (pour rappel, que tu saisisses bien mon point de vue : le foot est au sport ce que Grégoire est à la musique classique). Au delà de mes goûts parfaits en terme de musique et de sport, force fut de constater que l’ambiance dégagée ce jour là relevait presque du miracle, une sorte de bonheur collectif faisant fi de toutes les barrières sociétales implantées vicieusement depuis notre chère tendre enfance (sauf si tes parents t’ont éduqué(e) à coups de Pokemon et Teletubbies, et dans ce cas, tu ne vois pas le monde comme nous). Les gens étaient heureux d’être là, ensemble, point. En ce 10 juillet 2014, cette même euphorie a rejoint la Place de la République : la ferveur qui existe autour de Zebda, malgré des années d’errance, malgré des albums pas forcément autant vendus que jadis, est restée intacte. Il faut dire que les toulousaings n’y sont pas allés de main morte sur scène : il est impossible en effet de rester stoïque face à une telle énergie déployée. C’était vraiment monstrueux.
Une journée sans pluie, ça vous change la vie. Ce 10 juillet remporte pour l’instant, et de très loin, la meilleure journée du festival (en terme d’ambiance, musicalement, à titre perso, plutôt les 7 et 9 juillet) … ce soir on se retrouve devant la scène avec FFF, Deluxe, Gaspard Royant et Rachel Claudio. Autant le dire, ça va faire mal.