Comme l’an dernier, nous avons demandé à notre collaborateur/photographe Rod de couvrir et de vous raconter (à sa manière ! ) le festival Soirs d’Eté dont nous sommes à nouveau partenaire cette année. Récit de la troisième soirée de concerts :
Retrouvez toutes les photos du troisième jour sur la page Facebook Ricard S.A Live Music !
On est déjà arrivé à mi-chemin. La nouvelle Place de la République, redessinée depuis l’an dernier, fut encore assaillie. Malgré une ténébreuse apocalypse commençant à se dessiner dans les cieux torturés. Il y eut bien quelques sporadiques averses, mais une fois encore, le festival Soirs d’Eté a échappé à la colère divine. Au même moment, à l’autre bout de la planète, le Brésil se prenait une trempe mémorable. L’effet papillon ?!
Difficile de ne pas revenir place de la République encore électrisé par les deux premières soirées. Il faut dire qu’entre The Dukes, Les Wampas, Shakaponk ou encore Gush, le niveau de pression est énorme. Considérons donc ce mardi comme une sorte d’interlude. Où les mélodies planantes, les mecs charismatiques, et les mélodies aguicheuses ont trusté l’ensemble de la soirée.
Commençons par LE gros coup de coeur de la soirée. Ce qui fait, à mon sens, la force du festival Soirs d’Eté, ce n’est finalement pas la programmation des têtes d’affiche. Sûrement la partie la plus simple à réaliser : soit on a un gros chéquier, soit on a un partenariat, soit on a un réseau de ouf guedin. Voire, telle la trinité, les trois ensemble. En revanche, dégoter systématiquement depuis le début des premières parties un peu sorties de nulle part qui envoie du pâté jusqu’à te provoquer des goosebumps, là ça relève d’une question de goût et d’audace. Et NICK MULVEY a frappé très fort. Doté d’une aura magnétique, le mec lorgne entre les frontières musicales sans jamais se positionner vraiment, donnant un truc hybride vraiment sublime à écouter. Enormément de délicatesse et de subtilité (il s’est fait connaître via un titre dénommé Cucurucu, mais je t’invite à écouter plutôt Nitrous ou encore le sublime Meet Me There), que ce soit au niveau du jeu de guitare, des polyphonies vocales. Aérien, évasif, attractif, ce melting pot musical (jazz, groove, pop, et beaucoup d’autres trucs pas décernables immédiatement) est une invitation au voyages des sens. Rien que pour ça, Oui-FM : merci copain.
EUGENE McGUINESSest un artiste signé sur le prestigieux label Domino. Certains l’ont peut-être déjà vu en concert avec Miles Kane (dont il est guitariste). Alors profitons de cette tribune pour t’éclaircir un peu concernant le cosmos « monde de la musique ». Quand tu vois un musicien sur scène, il n’est pas trop là par hasard. Au delà de ses compositions qui lui sont bien évidemment propres, il a besoin d’un soutien. A la fois financier et logistique. Cela passe – enfin, ce schéma commence à toucher à sa fin, mais ne rentrons pas dans les détails – par une maison de disque d’une part, pour élaborer un disque, un CD (et cela passe par l’enregistrement en studio, la promo …), et d’autre part, d’un tourneur, producteur de spectacle, qui lui va s’occuper de lui trouver des dates. Tout ça pour te dire que le label Domino (Eugene McGuiness) étant un label de qualité (Anna Calvi (
Au premier rang, elles sont toutes là pour KODALINE. Je précise bien ELLES car les mecs se comptent les doigts d’une main d’un manchot. Une paire d’heures qu’elles doivent subir des musiciens dont elles se fichent totalement. Une paire d’heures pendant lesquelles la pluie vient caresser leur doux visage dénué de la moindre ride. Alors quand Kodaline entre sur scène, bah tu sais dans la seconde qui suit ce que « cri strident ultrason à te bousiller pour la vie les cellules striées internes » veut dire. Un peu comme les groupies de Patrick Bruel ou feu Tokio Hotel, mais en pire (pas Empyr, hein !). Du coup, une fois les acouphènes installées, place au spectacle. Kodaline, c’est une formation irlandaise. Jusqu’à maintenant, je n’avais eu vent que de projets indés de haute voltige (Villagers, Lisa Hannigan, James Vincent McMorrow) … mais il faut l’admettre : leur tambouille FM « Keane / Coldplay avec des pointes Mumford & Sons ci et là » séduit. Je n’irais pas jusqu’à en écouter chez moi, il ne faut pas abuser non plus. Mais les mecs étaient vraiment généreux sur scène (un peu trop poseurs, mais bon, les trucs FM c’est toujours peu ou prou obligatoire). Il est évident que le groupe ne s’attendait pas à un tel accueil, surtout quand ce dernier décide de laisser chanter le public et, à sa grande surprise, voit les trente premiers rangs chanter au tempo près leur hymne. Stephen Garrigan, le chanteur, alors totalement ému, balance avec son petit accent, le sourire aux lèvres « PARIIIIIIIIIIIIIIIS ». Et là c’était le feu. « Il y a la bonne musique de variété et la mauvaise musique de variété », comme diraient certains chasseurs de galinette cendrée. Kodaline fait partie des bons.
Clou de la soirée, JOHN BUTLER TRIO. Les premiers rangs se suivent et se ressemblent : les groupies de Kodaline ont laissé place aux prochaines. La place de la République est à ce moment précis bien remplie. Les Australiens entrent sur scène et c’est le feu. Alors attention, il faut être fan du truc. J’m’explique vite fait : si tu aimes les mecs qui sont capables de faire des solos à rallonge, de faire des démos complètement hallucinantes à la batterie ou à la basse, si tu aimes les mecs genre « trop beaux » (tu sais c’est comme le plus blanc que blanc de la pub OMO : trop beau, c’est encore plus beau que beau) et si tu aimes les chapeaux et que tu étais à Paris hier soir à 22h Place de la République, tu as sans doute passé le moment le plus incroyable, le plus merveilleux, le plus excitant de ton existence. En revanche, si tu ne correspond à aucun critère mentionné, tu as dû prendre le métro très rapidement. I mean, John Butler Trio c’est exactement le type de formation où tu ne peux pas dire « mwé, c’est pas mal ». C’est tellement typé que le clash est inéluctable. Aussi violent que le « Jour / Nuit / Jour / Nuit » de Jacquouille la Fripouille.
Demain, les décibels tonitruantes reprennent leur place, avec, s’il vous plaît : Le Vasco, Griefjoy, Natas Loves You et Klaxons. Le seul véritable point commun finalement des Soirs d’Eté, c’ est que ça passe trop vite.