Cette année, la team Ricard S.A Live Music se pose à la Halle de la Villette pour le Pitchfork Festival. Nous avons a confié le blog à la très talentueuse photographe Sarah Bastin afin qu’elle vous livre ses impressions en textes et en images sur l’édition européenne de ce festival créé par le plus prescripteur des médias musicaux sur le web…
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Un week-end célébrant Halloween et le Pitchfork ? Deux belles occasions de créer une gué-guerre sur les réseaux sociaux (ou le fameux « haters gonna hate »). Quoiqu’il en soit, le Pitchfork Festical s’installe à la Grande Halle de la Villette pour la troisième année consécutive (je ne compte pas le nombre d’éditions de la fête d’Halloween..) et malgré quelques annulations, l’affiche offre un joli panel de talents. Des groupes qui font l’année 2013 (Savages, Darkside, The Knife, Disclosure…), aux confirmations (Blood Orange, Mount Kimbie…), jusqu’aux classiques (Yo La Tengo!) et aux grands retours (Warpaint), nous prenons nos quartiers dans le 19ème arrondissement pour partager tout ça.
Photo: Iceage par Sarah Bastin
Ayant raté la deuxième édition, je trouve un festival qui a déjà bien grandi depuis 2011. La Grande Halle est exploitée dans son entièreté avec une scène de chaque côté et des coursives réaménagées en pop-up store : boutiques, labels, disquaires à l’intérieur, food trucks à l’extérieur et atelier broderie sur les barrières. Quelques bonnets arrivent tôt, des morts-vivants aussi, c’est ONLY REAL qui arrive en warm-up. Voix chaude et Cinnamon Toast, il est difficile de ne pas comparer l’anglais à son compatriote King Krule. Un peu moins sale gosse, le flow est bon, le son aussi, fait assez rare de la soirée. Les danois d’ICEAGE, qui avaient livré une performance remarquée à la Route du rock, prennent le relais sur la scène rose. Sans compromis, le chanteur termine sa cigarette sur scène puis envoie en l’air son micro pendant tout le set. Attitude radicale mais son oscillant entre punk et garage, le décibel-mètre explose pour la première fois de la soirée.
Photo: Blood Orange par Sarah Bastin
Ma première attente de la soirée fut Devonté Hynes. J’ai adoré Lightspeed Champion, tout comme le premier album 80s sous le pseudonyme BLOOD ORANGE. Le crooner est attendu mais il a aussi déçu. Assez distant de son public pendant une grande partie de son set, le concert tourne vite à une performance musicale (soit l’opposé du concert de The Knife, en fin de soirée). Je n’entends pas la voix et il y a bien trop de synthé et de basse pour ne pas entendre ses influences de Prince, à en devenir dérangeant. Réputé pour réchauffer les foules, je me suis éloignée. Jusqu’à la sortie du prochain album ?
Photo: Savages par Sarah Bastin
Je change de scène pour attendre Savages, mon troisième concert de l’année avec ce groupe franco-britannique. Après le succès de Lescop, SAVAGES est le deuxième groupe Pop Noire a faire son bout de chemin. Cette année, Jehnny Beth, ex- John and Jehn, et ses compagnes de route ont écumé les plateaux télé aux USA, joué à Coachella, au Primavera, réédité des vinyls, réalisé de beaux clips et de belles images. Hier, c’était ma première fois dans une grande salle avec elles (avant : Nouveau Casino et la Maroquinerie). L’impact du début de concert fut moins violent, moins physique forcément. Puis l’ambiance monte avec « I am here » et « Shut up ». J’apprécie le jeu de chaque musicienne dans ce groupe, elles me rappellent Warpaint. La partie rythmique est infaillible et Gemma Thompson frôle chaque corde de sa guitare. De loin, je savoure une version longue du premier single, « Husbands ». Jehnny Beth est dans le public avec le point rageur, clôturant l’épisode rock de cette première journée.
Photo: Darkside par Sarah Bastin
MOUNT KIMBIE ouvre les voies de l’electro, du dubstep à la pop, lorsque le duo intègre une guitare, voire deux et surtout, la batterie. King Krule, encore lui, ne fera pas la surprise de venir chanter « You took your time » mais il fut tout à fait intéressant de noter que la performance live de Mount Kimbie est moins métallique qu’en studio. DARKSIDE quant à lui est fidèle à ce que l’on peut écouter au casque et dans le noir. Le side project de Nicolas Jaar et Dave Harrington n’est pas une métaphore. Seul un panneau reflétant l’architecture de la Halle vient éclairer la fusion musicale entre sons futuristes, beats afros et son psyché. Nous sommes perdus quelque part entre Williamsburg et le Bronx, presque. Pitchfork a vrillé et en redemanderait bien pendant trois bonnes heures (comme à Bruxelles !), c’est sûr.
Malheureusement pour lui, THE HOXAN CLOAK enchaîne et assomme le public sur la scène verte. Pour résumer : il n’était pas encore 5h du matin pour écouter et vivre ce live derrière des platines.
Photo: The Knife par Sarah Bastin
A minuit, THE KNIFE entre dans la danse. Un groupe, mais plutôt un collectif. « Shaking the Habitual » a fait couler beaucoup d’encre mais finalement, il s’agissait de bousculer les habitudes. Tout était déjà écrit. Le groupe suédois, pour cette nouvelle tournée, a monté un spectacle de chorégraphie, de lumières, de scénographie. Le groupe sort de scène et fait jouer un playback, un spectacle son et lumières par moment, cours d’aérobic la plupart du temps. J’étais complètement abasourdie en sortant de leur concert à la Cité de la Musique au printemps. Cette fois-ci, ils ont expliqué : « Shaking the Habitual is a dance show, let’s dance ». En 2013, The Knife a finalement tout compris : c’est un des rares groupes (le seul ?) à proposer une nouvelle idée de la performance live en musique. Néons, capes, paillettes et danses, je suis beaucoup moins énervée que lors de leur première performance. Finalement, j’aime les pieds de nez (la deuxième fois!).