Live report photo : Pitchfork Festival 2013 – Jour 2 par Sarah Bastin

Live report

Plutôt contente de la journée d’hier, j’arrive à la Grande Halle de la Villette avec hâte : Warpaint fait son retour, on ne parle que de Jagwar Ma, Connan Mockasin m’intrigue et j’ai vraiment envie de découvrir les frenchies de Wall of Death et Petit Fantôme. Je tends mon poignet, on me poinçonne mon bracelet d’un cœur, je parie que ce sera un triangle pour le 3ème jour.

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Photo: Foule par Sarah Bastin

Depuis la sortie de sa mixtape Stave on ne parle que de Pierre Loustaunau alias PETIT FANTOME. Membre du collectif bordelais Iceberg (avec J.C. Sàtan notamment), la scène bordelaise nous offre un nouveau projet de talent dans la lignée de François and the Atlas Mountain et La Maison Tellier, entre variété française et guitares lourdes. Échappé des montagnes, Petit Fantôme joue avec ses copains de l’Atlas et Francois Marry. « Peio » ouvre le set avec des voix planantes, une guitare claire dans une ambiance lo-fi. On définit la nouvelle pop, et on pense aussi à Metronomy, qui s’enrichit ensuite d’electro, d’hip hop, de shoegaze et vient infecter son public qui se laisse prendre à tout, les montées avec des guitares et percus doublées, les envolées lyriques et les textes : « comme me tenir debout, me retenir de tout », « Dans le vent ». Je suis particulièrement touchée par « Etre honnête » qui pourrait être vécue dans une salle de 10 000 personnes comme devant 70. L’émotion.

Photo: Wall of Death par Sarah Bastin

Après l’interlude (!) DEAFHEAVEN avec un excellent son métal (du moins accessible à des gens – comme moi – qui n’écoutent pas ça) mais un chanteur entre caricature et pantin à crier sans distinction pendant 40 minutes. Montre en main, j’ai préféré attendre WALL OF DEATH dans les courants d’air. Le trio rock signé chez Born Bad Records est la belle surprise en remplacement de Deerhunter. Nouveaux protégés des Black Angels, ce groupe qui se dit influencé par le psyché américain et anglais m’a d’abord fait penser à Depeche Mode. J’ai donc été gênée (c’est un détail, sur la prononciation de « Jesus ») puis je me suis lovée de ce chant mystique et patiné, soutenu par des instruments vintage. Un trio organique et orgasmique que l’on a envie de voir jouer dans un petit club pour se réchauffer après s’être roulée dans la neige (oui rien que ça ! « Winter is coming »).

A 18h30, la Halle est déjà bien plus remplie que la veille. WARPAINT va faire son retour à Paris et il est grand temps pour moi de manquer d’un petit peu d’objectivité. J’ai adoré leur album The Fool que j’avais ensuite adoré en live au Bataclan et j’adore maintenant leur nouveau single « Love is to die ». Assez impatiente donc, c’est peut–être pour cela que je pars dans une discussion sans fin avec la sécurité pour faire retirer les deux packs d’eau de 6×1 litre sur les enceintes devant la scène (un autre détail pour vous mais…*chantonne*). Puis que le pool de photographes repart dans une discussion sans fin pour pouvoir photographier les morceaux 1 à 3 et non pas à partir de « 2 ou 3 » selon comment la sécurité estime que le groupe sera prêt ou pas. Passée cette petite mise en jambe, nous entrons dans l’arène pour photographier.

Photo: Warpaint par Sarah Bastin

Première tête d’affiche de la journée, le quatuor de Los Angeles fait le choix de jouer peu de chansons mais de les retravailler en version longue. « Keep it healthy », inédit joué en live pour le moment, ouvre le set. Puis « Bees » est le premier tube envoyé. Le twittomètre explose au sujet de Jenny Lee Lindberg à la basse qui va de paire avec Stella Mozgava à la batterie. La base rythmique de Warpaint joue très rapprochée et face à face tandis qu’Emily Kolal et Theresa Wayman aux chants/guitares/claviers sont beaucoup plus éloignées. On a effectivement connu le groupe plus rapproché, plus bavard et plus tourné vers le public. Retour à la scène ? Un nouveau morceau est présenté, dans la lignée shoegazing de « Love is to die » mais moins entêtant et surtout, sans savoir trop quoi en faire physiquement en live. Comme d’habitude, « Undertow » et « Elephants » sont revisitées dans des versions de dix minutes avec une petite jam de fin, le public de Pitchfork s’éveille un peu. « In the dark, we are waiting for you » – à qui l’adresser ?

COLIN STETSON prend place seul sur la scène verte pour son projet expérimental au saxophone. La performance est impressionnante mais assez difficile d’accès lorsque jouée dans un tel volume. JUNIP prendra la suite pour présenter son nouvel album. Chacun flanqué derrière son instrument, le quintuor emmené par José Gonzales délivre une performance d’une qualité irréprochable pour laquelle il manquait uniquement de l’émotion. Je me souviens avoir aimé Sigur Ros sur album, mais n’avoir rien ressenti en concert. Les mêmes sentiments se perdent dans les vapeurs. Pitchfork est transporté, mais les yeux fermés.

Photo: Connan Mockasin par Sarah Bastin

JAGWAR MA puis CONNAN MOCKASIN vont portés leur live avec un public qui les attend. D’une part le trio australien exilé en Europe acclamé par la critique et vénéré par le « hipster » (attention, le mot est lâché), d’autre part le neo-zelandais Connan Mockasin, résident de Londres, dont le streaming « Caramel » vient d’être disponible. Deux styles complètement différents mais une même idée du concert en relation avec la foule. Jagwar Ma offre un concert énergique et livre tout du début à la fin, quand la tête blonde use de douceur et de subtilités pour visiter plusieurs genres et ambiances. Je retiens un peu de chacun et préfère la force de fin de live de Connan Mockasin avec des accélérations et décélérations et lorsqu’il réussit à faire s’asseoir Paris. Tourbillons des deux côtés de la Grande Halle.

Photo: Danny Brown par Sarah Bastin

Ce deuxième jour touche à sa fin. Devant la scène verte, Danny Brown, seul artiste Hip Hop (?) du festival, est attendu. Dès les lumières éteintes, le public devient fou. Lui aussi a sorti son album gratuitement sur internet, XXX. Depuis 2011, ce proche de Purity Ring et A$AP Rocky a trouvé son public d’abord avec des clips forts puis par des performances partout aux Etats-Unis. Inconnu pour moi avant ce soir, son rap est arrogant ce qu’il faut et il est le premier à savoir occuper la scène du Pitchfork et apprivoiser tout le public. Un concert important avant l’arrivée de DISCLOSURE en clôture.

Comme la veille avec The Knife, tout le monde se retrouve sur la grande scène pour une soirée géante de dancing. Pas besoin d’attendre longtemps, le duo anglais balance « When a Fire starts to burn » et le reste n’est qu’enchaînement bien construit. A la basse et derrière les machines, Disclosure est porté par son public et un show de lumières. Une mécanique bien rodée de tête d’affiche, demain Hot Chip puis Glass Candy auront ce rôle.

Photo: Disclosure par Sarah Bastin