Après une semaine complète de live reports sur le festival Soirs d’Eté, nous avons eu la drôle d’idée de redemander à notre collaborateur Rod de venir sur Paris pour couvrir (à sa manière!) le festival FNAC LIVE. Ricard S.A Live Music est partenaire de l’événement (nous y présentons les Two Bunnies In Love) et la programmation, bien que gratuite, digne des plus grands festivals ! Compte-rendu de la deuxième soirée de concerts:
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Fnac Live, Acte 2. La question du jour est simple : peut-on faire mieux que le jour précédent ? En effet, pour cette nouvelle édition, tous les records d’affluence semblent avoir été battus et il est fort à parier que les organisateurs, bien évidemment heureux d’un tel succès, n’avaient pas prévu un tel raz-de-marée humain. Ce soir, c’est le créateur de tubes Gaëtan Roussel qui va devoir faire aussi bien.
Pour être honnête, cette deuxième journée m’a laissé sur ma faim. Peut-être qu’un début d’insolation – à 17h il fait plus de 35 degrés, normal – a altéré mes capacités cognitives, et renfermé mes chakras sur eux-mêmes, ne me permettant pas de m’ouvrir aux autres aussi facilement que d’habitude. Ou tout simplement que la programmation du jour était peut-être moins bien calibrée.
TWO BUNNIES IN LOVE … difficile d’écrire sur un groupe que l’on a vu grandir depuis notre rencontre sur le Prix Ricard SA Live Music en janvier. Je me rappelle les avoir filmés en Normandie dans un bar super sympa. On avait senti de suite leur potentiel. Le temps nous a permis de confirmer cette impression. A Paris, le set très court a permis néanmoins de réaliser que les petits lapins en amour sont prêts à conquérir les scènes et les ondes, leurs titres sont décidément merveilleux. Un groupe à découvrir d’urgence.
On ne pourra pas reprocher aux programmateurs de Fnac Live de jouer la carte de la diversité musicale. Mais là, franchement, ils ont poussé le bouchon un peu loin. Non pas que GLASS ANIMALS soit un mauvais groupe, loin de là. C’est bien foutu, c’est musicalement doux et c’est vocalement irréprochable. Et l’on se doute que dans une salle de type Maroquinerie, cette pop léchée doit faire son effet. Mais on parle ici d’un festival plein air, face à des gens qui ne sont pas forcément aussi pointus que ceux qui programment, et je le rappelle, petit détail important : IL FAIT CHAUD. Alors balancer un truc un peu mou du genou, contemplatif, c’est un peu comme se prendre du prozac musical en pleine face. Le public ne semble ni conquis, ni réceptif, ni rien. On attend juste tous le prochain groupe.*
LA FEMME. Il y a tant et tellement peu à dire. Génies pour les uns, gros arnaqueurs pour les autres, La Femme reste un mystère entier. Ils ont fait leur réputation – méritée – en live, mais le succès commercial escompté n’est pas arrivé. Hier, le groupe a exprimé tout son potentiel, une partie du public est clairement conquise. L’énergie est au rendez-vous. Il m’aura fallu donc 5 concerts pour être désormais fixé : je ne comprends pas l’engouement. Je dois être trop vieux, un truc du genre. Même si je me dois de nuancer : je trouve le projet musicalement merveilleux, très rétro, avec des parties rythmiques et fortes … mais les textes (enfin pas tous) et les parties vocales totalement fausses (là en revanche, systématiquement), à un moment, quand c’est trop c’est tropico.
Restons sur la ligne du mystère avec les paradoxaux BRETON. Le combo anglais a tout pour séduire : un leader giga beau gosse au sourire Colgate ultra craquant, des lignes de basse qui groovent un max, un batteur ultra charismatique, des refrains addictifs, des hymnes imparables. Mais comme disait mon prof de psychologie cognitive : « le tout est différent de la somme des parties » et c’est bien le problème de Breton : le potentiel est énorme, mais il manque – encore ? – un truc. Ça manque vraiment de cohésion, le groupe semble toujours avoir des problèmes de son (3e concert cette année, et toujours des soucis de réglages sur les premiers titres), et c’est fort dommage. C’est un peu comme quand on te sert en restaurant une magnifique tarte tatin et qu’on oublie de te mettre la glace vanille accompagnée d’une crème onctueuse. Mais je ne désespère pas, je suis persuadé que Breton peut devenir grand.
Et l’on finit avec ce qui aurait dû être le clou de la soirée. GAËTAN ROUSSEL arrive en terrain conquis. La place de l’Hôtel de Ville semble aussi bondée que le jour précédent, et le chanteur sait qu’il va falloir mettre le paquet pour éviter la comparaison avec le showman Chédid qui s’est éclaté comme un gosse le jour précédent. Gaëtan, pour le connaître un peu personnellement, et pour avoir travaillé avec lui à plusieurs reprises, est l’incarnation même de la générosité. En d’autres termes, ce que vous voyez sur scène (mec sympa, souriant, toussa), bah dans la vraie vie, il est comme ça. Et c’est dans cet esprit, et en enchaînant avec les titres de son nouvel album – Orpailleur, novembre 2013 – qu’il conquiert l’audience. Il saute dans tous les sens, court … mais voilà, un saut mal réceptionné dès le début du set – au 4e titre – et toute cette folle énergie se retrouve totalement anéantie. En effet, Gaëtan s’est éclaté à la cheville. Mais il ne se laisse pas démonter. Certes sa capacité à courir et sauter dans tous les sens est terminée pour ce soir, mais il garde le sourire, et enchaîne comme si de rien n’était. On voit bien ci et là des mimiques que l’on connait tous lorsqu’une douleur aiguë envahit votre corps, mais son mental est plus fort. Et l’on ne pourra réellement admirer le lendemain la puissance de sa force de caractère quand apprendra qu’il a en fait eu une rupture du talon d’achille. Le mec a réussi à faire un concert entier avec un tel niveau de blessure … respect. Pour en revenir au concert, il était juste incroyable. C’est carré et groovy. Grosse surprise également de voir Owlle partager la scène. Gaëtan, je ne suis pas certain que tu liras ce texte, mais je te souhaite un bon rétablissement, j’ai tellement eu mal pour toi hier …
Et ce sera le dernier jour de Fnac Live pour moi. Parmi mes regrets, l’impossibilité, faute d’un timing ultra serré et des conditions pas vraiment idéales pour une couverture photo non intrusive, d’avoir pu assister aux concerts de Christophe, Arthur H et Emily Loizeau dans l’un des merveilleux salons de l’Hôtel de Ville.