Ricard S.A Live Music s’associe cette année au festival « Fnac Live », série de concerts gratuits sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris du 18 au 21 juillet. A cette occasion, nous avons demandé à Sarah Bastin, qui avait couvert pour nous le Rock Dans Tous Ses Etats à Evreux le mois dernier, de photographier l’évènement et de nous donner son ressenti sur notre blog.
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Compte-rendu de cette troisième soirée de concerts :
Envie de raconter des histoires pour ce troisième jour au Fnac Live. De me demander comment je suis passée à côté de Concrete Knives et Lilly Wood and The Prick en live ces dernières années. De traduire l’engagement de Rokia Traore. De décrire le plafond des salons pendant Mesparrow. D’apprendre les chorégraphies de Christine and The Queens. De vous dire que c’était vraiment chouette cette troisième journée à l’Hôtel de ville.
Tout a plutôt bien commencé : je cale Rokia Traore à côté d’une mandarine et je joue à cache-cache entre les piques (? – bon regardez la photo ci-dessus) avec ALBIN DE LA SIMONE. BIM ! Deux portraits rapides avant de retrouver COLOURS IN THE STREET en ouverture de la journée:
Je vous le dis comme on me l’a dit : “attention, ils jouent 4 chansons seulement !”
Découverts en live au Rock dans Tous Ses Etats, je sais que le groupe va imposer son énergie d’entrée de jeu. Alex arrive les bras levés et les trois autres garçons prennent le relais en envoyant fort tout de suite. Après plusieurs mois de tournée avec Ricard SA Live, Colours in the Streets sait occuper tout l’espace de la grande scène du Fnac Live. Ils s’envoient vers le public puis se régénèrent vers Alexis, à la batterie. Le single Paper Child est bien sûr en place mais c’est leur nouveau titre qui achèvera la foule. Toute la place de l’Hôtel de Ville lève les bras après 20 minutes de concert qui ont filé à une vitesse folle, rythmées par des pépites de pop explosive.
Saint-Michel doit prendre la suite mais je file dans le Salon des Arcades pour assister au concert de MESPARROW.
C’est où ça ? Dans l’Hôtel de ville pour une centaine de personnes qui ont été assez rapides pour récupérer une invitation. Nous y accédons par la galerie des Vitraux pour découvrir un espace symboliquement divisé en quatre parties, décoré de toiles et éclairé par des lustres. C’est dans le “Salon musique” que Mesparrow, Albin de la Simone, Maissiat et Alex Beaupain (le dimanche) produiraient les seuls concerts intimistes du festival.
Cela fait un petit temps qu’on parle de Mesparrow. On m’avait passé l’EP un peu sous le manteau, puis il y a eu des premières parties, comme celle de François & the Atlas Mountains. Je me souviens très bien de la lumière blanche qui dessinait sa silhouette et d’une voix. “Next bored generation” est entré en radio, Le Fair porte son projet et depuis elle est un peu partout. Pour mon projet de portraits musicaux, j’ai eu l’occasion de la rencontrer pendant deux minutes. Elle avait insisté pour faire ce portrait après son concert au Divan du Monde, je savais depuis deux heures où je voulais faire cette photo. Je m’impatientais un peu, je voulais faire la photo maintenant. J’ai attendu. J’ai profité du concert, j’ai regardé ses chaussures brillantes glisser sur son praticable réfléchissant. Après le concert, nous avons finalement fait ce cliché au Rolleiflex. Elle me dit : “C’est bien après aussi non ?”.
Oui, c’est bien. C’était une photo apaisée et vraie. Comme un paysage après de fortes pluies.
Mesparrow remue mes sentiments à chaque fois. Tout me surprend. Sa voix surtout. Puis la construction de ses chansons avec sa pédale de loop (“The Symphony” par exemple). Connue pour ses titres en anglais, elle passe au piano pour des compositions en français. Le plus beau titre (attention, avis perso) mêle les deux langues, les loops, les résonances vocales. “City on Fire” est un titre plus fort que “I don’t want to grow up”. Je regrette un peu le silence du public devant le sens des paroles en anglais. J’exultais de l’entendre gueuler “fucking MESPARROW”. Elle épelle son nom, le gueule, le sourit et s’ouvre enfin un petit peu. C’était bien et beau, et cela pourrait l’être encore plus.
Je déboule les escaliers, je vole au-dessus de la cour (et au-dessus des VIP quoi !) pour atterrir dans le crash à photographes (toujours environ 30, ils tiennent bien la chaleur). Isaac Delusion balance son mélange de hip hop et de funk, de pop et d’electro. Les chansons sont longues et vous rattrapent, comme une bande son nocturne.
Mon autre histoire, c’est CHRISTINE & THE QUEENS.
Dans les loges du Centre culturel suédois de Paris, My Brightest Diamond gonfle des ballons, on me présente à Christine and the Queens.
Moi : “Je t’ai vue en première partie de The Dø, j’ai adoré”
Elle : “Oh non c’était mon tout premier concert, on m’avait proposé la veille”
C’est le début de mon projet 160 SECONDS, 3 portraits argentiques par artiste. Je me lance pour celui de Christine puis elles se lancent ensemble. My Brightest Diamond s’improvise des lunettes avec des verres, Christine and the Queens se cale en solaires. Les rires éclatent. Suite à cette rencontre les deux se retrouveront quelques semaines plus tard pour un duo.
Je comprends la force d’un portrait simple et spontané. Je percute la répartie, l’humour, les personnages et le travail de Christine and the Queens. Depuis, elle est au Fair avec Mesparrow, en tournée et a signé chez Because tout en livrant des clips magnifiques. J’adore regarder le chemin qu’elle a parcouru.
Je n’ai pas demandé de confirmation mais j’imagine que la place de l’Hôtel de ville remplie à max doit être parmi l’une de ses plus grandes foules (elle répondra “j’en voyais quelques-uns quand je n’avais pas le soleil directement dans l’œil).
En première partie de The Dø ou d’Austra, elle arrivait avec toutes ses Queens et son ordinateur, un peu trop présent sur la scène. Samedi, presque oublié la technique. L’ordinateur est relayé sur un coin de la scène, elle a ajouté deux podiums, ses chaussures sont noires à paillettes (MJ!). Dès la première chanson nous rencontrons au moins trois Queens, c’est queen Beyoncé qui annoncera Cripple. Je photographie mais je me pose un peu : seule, elle court à gauche puis à droite, puis quelques pas de danse, puis des paillettes et encore des paillettes (c’est fun et ça brille). Le spectacle a clairement changé et elle élève à chaque fois le niveau du dernier concert. “Narcissus is back”, autre hymne de sa “freakpop”, est envoûtant.
J’éclate de joie quand je vois débarquer deux danseurs et deux danseuses, short et tshirt bleu. Christine chante et Christine danse en même temps. Avez-vous essayé ? Une performance ! A saluer doublement puisque l’arrivée des danseurs a un sens et ne donne pas l’impression (souvent ressentie) d’un cache-misère. Christine est seule et toutes ses queens à la fois. Nous la découvrons en français pour la chanson “Nuit 17 à 52” puis elle joue un dernier titre, “The loving cup” parce qu’il faut s’aimer “et aimer ses défauts”.
Sur scène, c’est plein d’amour. Dans le public aussi. ROKIA TRAORE guitare à la main arrive pour livrer un set folk, blues et parfois rock. Elle chante “Afrique je t’aime”. Accompagnée d’une bassiste, d’un batteur, d’un guitariste et d’un joueur de xalam ainsi que deux choristes, Madame Traore fait chavirer Paris. Toute l’énergie et les sourires sur scène sont communiqués au public. Ce n’est que le début du dance floor.
CONCRETE KNIVES déboule sur scène en sautant partout et en tapant déjà très fort sur tous leurs instruments. Je sais tout de suite que je suis passée totalement à côté de ce groupe sur scène. Mais comment ? Je retrouve les mêmes sensations que devant un concert d’Arcade Fire. Taper sur sa clavicule pour faire des sons, même si ces sons ne sont pas amplifiés. Remarqués avec l’EP “You can’t blame the Youth” puis l’excellent album “Be your own king” sorti chez Bella Union, le groupe tourne dans les festivals et sur toutes les scènes de France (et d’Europe) depuis 2011.
On me dit qu’ils ont l’air un peu fatigués. Je m’en fiche, c’est la première fois que je les vois et je m’éclate autant qu’eux sur “Happy Mondays”. Ils se permettent une reprise d’Ini Kamoze – Here comes the Hotstepper. Nicolas et Morgane sont les voix d’une indie-pop collective, puissante et claire. Ils pourraient tous se jeter dans le public mais c’est finalement la chanteuse qui ira slammer seule. C’est une course folle et je veux qu’elle se transforme en marathon. Le groupe de Caen est comme un bonbon à la fraise : j’ai commencé et je ne peux plus m’arrêter.
Photo: Sarah Bastin
Ma dernière claque de la journée (pas mal de claques ce samedi) est le groupe LILLY WOOD AND THE PRICK, archi attendu par les milliers de spectateurs. Paris c’est chez eux et comme ils le diront plusieurs fois : “C’est trop de bien de jouer à la maisoooooon, on va faire des trucs osés mais on est entre nous !”
En 2011, je découvre “Down the Drain” et “This is a love song”, les deux albums sont magnifiquement mélancoliques et je vois tout le monde s’emballer sur leurs concerts. Je n’y vais pas. Jusqu’à samedi soir.
C’est la base funk qui d’abord m’interpelle, puis la voix de Nili Hadida et enfin la vie joyeuse des chansons en concert. “Middle of the night” et “Where I want to be (in California)” font exploser tout le monde et me trottent encore dans la tête. Le public saute les bras en l’air, lui qui a l’habitude d’être assez calme.
Les morceaux sont réarrangés en tubes à danser et c’est en live qu’on comprendra l’envergure de ce duo, devenue quintet pour la scène. La folk des disques s’estompe pour un set pop/rock, sombre et lumineux comme “This is a love song”.
Les bras restent en l’air.
Avant aujourd’hui, j’étais vraiment passé à côté de beaucoup.
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