La team Ricard S.A Live Music est présente pour la deuxième année au festival Aluna en Ardèche qui est en train de s’imposer comme l’un des grands festivals Français avec sa programmation aussi éclectique qu’ambitieuse. Nous y présentons les Colours In The Street, lauréats de notre dispositif « Lance-toi en Live ». Mais en attendant leur prestation prévue samedi, nous avons confié à notre blogueur/photographe/vidéaste/fou Rod Maurice, le soin de vous raconter sa vision de l’évènement !
L’Ardèche.
Ses paysages magnifiques et surréalistes. Son soleil brûlant jusqu’au 3ème degré toute matière vivante. Ses virages sinueux à en vomir si on n’a pas le cœur accroché (mon cas). Ses gens souriants, ses plats qui te font prendre 30 kg d’un seul coup mais auxquels tu ne peux pas résister parce que c’est trop bon.
Au milieu de ce décor à la fois enchanteur et terrifiant : un camping. Pas n’importe lequel : Aluna. Sa particularité ? Organiser chaque année un festival haut en têtes d’affiches, où Christophe Maé (…) côtoie The Hives (!!!), où Cali (…) se fricotte avec Etienne de Crécy (!!!), où la voix fluette du surdoué Chédid fils (!!!) se retrouve confronté aux basses survitaminées de Breakbot (…).
Et puis ses mobil-homes, qui, en termes de confort, surclassent 90% des appartements parisiens. Avec en sus, des trucs sympas qu’on aime bien quand il fait presque 40 degrés : piscine, toboggan, et jolies mini jupes (voire moins).
L’Ardèche.
Ne nous voilons pas la face, et ce n’est pas du genre de la maison d’embellir les choses : la première journée d’Aluna ne fut pas ce que l’on peut appeler un succès en terme de fréquentation. Et ce sera sans doute le seul mauvais point de cette date. Parce que la programmation était clairement destinée à ceux qui aimaient les BPM genre qui t’arrachent les tympans, et que t’en redemandes parce que t’es un ouf de la tête.
En guise de warm up, une petite scène accueillit d’une part Harold Martinez et La Mine De Rien d’autre part. Le premier est un duo puissant, qui a réussi à s’affranchir de la potentielle affiliation avec Black Keys. Ici, une voix, rocailleuse, un jeu de guitare moins bluesy rock, mais surtout, surtout, un batteur fou, martelant ses fûts comme s’il cherchait tout simplement à les détruire. Gros coup de cœur.
Concernant La Mine de Rien, on songe immédiatement aux Têtes Raides. On aime ou on déteste. Pour ma part, une énorme indifférence. En revanche une bonne frange du public y allait carrément de son pas de danse. La masse a toujours raison. Donc …
Les choses ont commencé sérieusement avec Les Fatals Picards, qui ont opéré, depuis le départ d’une des deux têtes pensantes (Yvan, parti pour les Rois de la Suède avec le déjanté Mr Poulpe – qui est parti du groupe entre temps : sur Facebook cela équivaudrait à un statut « c’est compliqué »), pour un virage beaucoup plus rock. Du rock bourrin avec des paroles aware et drôles, tel est le pari qu’a voulu s’imposer la nouvelle formation. Avec un look n’ayant rien à envier, excusez du peu, aux Eagles of Death Metal, les Picards ne vont pas y aller avec le dos de la cuillère, et vont envoyer, histoire de montrer qui est le boss sous un soleil cuisant. Les premiers slams (oui déjà) commencent, la fête est au rendez-vous.
A Aluna, contrairement à 75% des festivals, les concerts ne se chevauchent pas. Une pause d’à peine 20 minutes suffit pour changer les plateaux, histoire que les gens puissent trouver leur vie en terme d’approvisionnement divers et varié : boissons fraîches, spécialités de l’Aveyron, pâtes à emporter, les sempiternels kebabs, et puis … au cas où : des chapeaux et des casquettes. Avec sa trentaine de degrés allègrement dépassée, il vaut mieux être prudent.
Saez entre en scène, fait prétentieux ; il l’est même sans doute. Certains airs sonnent clairement comme Noir Désir. Mais qu’importe, on peut lui jeter des pierres, des tomates, des chats éventrés, il faut se rendre à l’évidence : ce mec a une putain de voix, une putain de présence et surtout, des putains de musiciens qui envoient sévère du bois. Toute proportion gardée, on pourrait même se faufiler dans les chemins de l’hyperbole pour parler de presque métal à certains moments. Saez fait partie de cette catégorie d’artistes qui divise viscéralement, sans recul. On adore ou on déteste. On peut même adorer le détester, mais force est de constater que son concert fut l’un des temps forts de cette première journée.
Je ne te refais pas jusqu’à la fin de ce compte rendu le coup des 20 minutes d’entracte systématiques, donc passons à la suite avec Skip The Use.
Avec les Lillois, c’est une histoire qui dure depuis un bail, bien avant leur succès mérité, donc bien avant leur signature chez Polydor, bien avant leurs kyrielles de synchro à la télévision, notamment TF1. Skip The Use a clairement augmenté de 10 crans le level : peut-être à cause de la présence des Hives, connus et reconnus pour leurs sets à la fois bourrins et cabotins, les STU ont décidé de foutre le paquet, et soyons honnête : ils ont été les stars incontestées de cette première journée : record d’affluence, record de participation du public, tubes à la pelle connues du bout des doigts et des lèvres, et un Matt Bastard au sommet de sa forme, notamment avec des interludes qui firent mouche systématiquement. A noter un set de plus en plus agressif, avec un vrai retour au punk (oui oui, les lillois faisaient du punk, avant de connaître l’amour, la gloire et l’argent). Rien à jeter. Peut-être un peu trop « au clic », mais bon, une bonne claque.
Comme écrit précédemment, le record d’affluence s’est fait avec les STU. Les Hives, malgré leur légendaire énergie illimitée, ont subi quelques déconvenues : un public pas du tout anglophone (blagues à l’eau), le ciel qui commença à pleurer (pour aller avec les blagues) et des problèmes techniques durant une bonne quinzaine de minutes. Et comme tout set des Hives qui se respecte, du cabotinage à outrance, quasi acting, mais qui fait le bonheur de tous. Les suédois sont clairement des maitres de scène. Les pains ? On s’en fiche, chaque chanson a été étudiée avec soin pour rentrer dans le lard. Pour ma part, la partie la plus jouissive du festival.
Enfin, la première journée peut se finir en douceur avec Etienne de Crécy. Sous cet euphémisme non dissimulé, notons une scénographie qui, sous certains aspects, pourraient rappeler l’excellent dessin animé Tron : Uprising. Le public est désormais victime d’une pluie légère, ô combien salvatrice cependant après la sécheresse intense ressentie durant la journée. Les plus courageux affrontent les premiers frissons d’une nuit légèrement fraîche pour s’en prendre clairement plein la tronche. Certes on n’est pas dans un esprit rave, mais le son lui, est calibré pour attaquer le peu de cellules striées internes qui restaient. A la fois hypnotique (jeu de lumières clairement sublime) et ravageur (son bien bourrin), le show d’Etienne de Crécy clôture en beauté cette première journée.
Sept groupes par jour, ce n’est rien comparé à des mastodontes tels que Rock en Seine, les Vieilles Charrues ou Solidays. Toutefois, quel pied à ne pas devoir courir (ou décider de se scinder par méiose) et de profiter pleinement de tous les concerts !
Retrouvez l’intégralité des photos de Rod sur cette galerie: https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10151532223294601.1073741839.282743204600&type=3