Deuxième soirée de concerts au Festival Aluna racontée par notre blogueur / photographe Rod Maurice:
L’Ardèche, le retour de la vengeance qui tue, Part II.
Rappelle-toi, hier je te vantais les mérites de cette contrée merveilleuse, foisonnant de forêts, de monts et de vaux. Et quelque part au sein même de ce paradis sur Terre que tu te demandes pourquoi tu prends un billet d’avion pour aller à l’étranger tant la France offre des paysages aussi variés et magnifiques, un camping : Aluna. Hier, c’était un peu la folie : quasiment plus un seul centimètre carré de disponible pour déambuler, les stands de miam pris d’assaut, la chaleur insupportable pour un nordiste, « juste doux » pour un sudiste (mais qui sont-ils ? Quels sont les réseaux ?), et les groupes n’ont cessé de donner du bonheur. Bien évidemment, ZE star était -M- (statut amplement mérité, mais on y reviendra), mais que ce soit Olivia Ruiz, BB Brunes ou encore Lilly Wood & The Prick, tous ont su capter l’attention. Enfin, presque tous.
Comme d’habitude, le festival commence avec 2 concerts à taille humaine (environ 2000 / 3000 places disponibles). La première formation, répondant au doux patronyme d’Olivia Dorato, a clairement plu à l’audience, pendant qu’elle me laissait – mais alors totalement – de marbre. Il faut dire que les voix perchées hurlées (aussi jolies soient-elles) et les solos de guitare 80’s interminables ça me faisait de l’effet quand j’avais 15 ans. 22 ans plus tard, quelques neurones nostalgiques d’une époque mouvementée apprécient. Le reste beaucoup beaucoup moins. Après, force est de constater que c’était propre, carré, net et sans bavure. Mais sans vie.
Après un changement de plateau, Gribz se faufile sur scène et … quelle surprise de découvrir quelques acolytes des tournées de Renan Luce au sein du groupe ! Le dénominateur commun s’arrête cependant ici : sur le plateau on parle la langue de Doctor Who, les rythmes sont plus funky, et clairement, même en n’étant pas ma tasse de thé, il faut admettre que l’énergie positive qui se dégage autant des musiciens que des mélodies sied à merveille avec ce décor illuminé d’un soleil radieux. A découvrir dès que tu peux, tu pourrais kiffer sa race.
Les quelques mètres à parcourir pour se rendre à la grande – immense ! – scène était une partie de plaisir le jour précédent. Avec ce deuxième volet, patience est le maître mot de la journée : toutes les places potentiellement assises sont squattées, et le resteront jusqu’à Breakbot, les vendeurs de merguez et autres préparations graisseuses se frottent les mains … le public est digne de l’ancien slogan de la NES Nintendo : de 7 à 77 ans. Dès lors, l’on ressent – à l’instar du Paleo Festival à Nyons – une ambiance décontractée, bon enfant. On est bien loin de la hype parisienne : on prend la musique pour ce qu’elle est : un divertissement, un moment d’évasion. Et ça fait franchement du bien.
Les BB Brunes ouvrent les hostilités. Ahhhh fini la période « BB Rockers » (copyright Philippe Manoeuvre) où le quator jouait au sale gosse dans les salles obscures comme feu Triptyque ou la Boule Noire. Non, désormais – et que ceux qui pensent et disent le contraire sont des gens qui n’ont jamais vu le groupe en live – BB Brunes c’est un groupe pop/rock carré, rigoureux, loin des excès de jadis. Et c’est tant mieux : le set passe à une vitesse folle, le groupe possédant dans sa besace une tonne de tubes taillés pour la scène. On notera depuis 2010 lorsque je les rencontrais sur la tournée Ricard S.A Live Music, l’arrivée d’un nouveau membre officiant au clavier. Autant te le dire : les fans au premier rang, elles n’en pouvaient plus.
(Moi Président) je suis Lilly Wood & The Prick depuis quasiment leurs débuts, fin 2008 – début 2009. L’un de leurs premiers concerts à la Flèche d’Or se résumait à 2 personnes qui filmaient (dont moi), et 20 égarés. Alors autant te dire que lorsque tu vois ces mêmes musiciens 4 ans plus tard faire hurler plus de 15 000 personnes en Ardèche, bah tu es un peu sous le choc. Là encore, le public connaît clairement une bonne partie du répertoire de Nilly et Benjamin. Un très beau set. A noter qu’un live filmé au Trianon il y a quelques semaines va être diffusé dans une quarantaine de cinémas en France (Pathé).
Olivia Ruiz. La flamboyante Olivia Ruiz. Un peu comme Lilly Wood, et sans qu’elle ne s’en rappelle, j’ai pu assister à ses premiers concerts, en 2004. Notamment à l’époque où je vivais à Rouen. Elle avait fait une date clairement bide à l’Exo7 (capacité 1000 personnes, personnes présentes : moins de 100 … Ah mais je t’ai dit, un bide !) … puis en 2005 et 2006, respectivement à Notre Dame de Gravenchon et à Sotteville les Rouen (oui oui, tu peux vérifier sur Google Maps, ces noms existent bien :)) … à l’époque, elle ne cartonnait pas vraiment. Et puis il y a eu en radio « La Femme Chocolat » et là … succès. Enfin, à ce niveau-là, on peut même parler de starification. Tu sais quand tu vends plus de CDs que tu n’as de doigts et que toutes les salles où tu te produits affichent « COMPLET ». A l’époque, elle était déjà habitée, fougueuse et bien évidemment, belle, magnétique. Alors forcément, une fois encore, la voir devant plus de 15 000 personnes chantant le moindre de ses tubes … seul changement notable depuis 2004 : elle saute désormais 10 fois plus, court dans tous les sens, danse comme une princesse des 1001 nuits, et si certains peuvent aimer la détester, il faut quand lui-même lui rendre hommage concernant sa capacité à conserver une énergie intacte et visiblement intarissable. Un vrai régal / plaisir de la revoir.
M. Les Pro : Magique. Magnifique. Magnétique. Magistral. Majestueux.Les Antis : Minauder, Maniéré. Mégalo, Mirobolant, Manipulateur.Matthieu Chédid divise les esprits et les coeurs. Allégorie parfaite du manichéisme, il a toutefois prouvé hier qu’il était un showman accompli, et a mis une belle rouste à tous les détracteurs potentiellement présents au festival. Un spectacle éblouissant, des lumières calibrées avec une précision d’orfèvre, un son monstrueux, des tubes en veux-tu en voilà, un public hystérique, des photographes ne sachant plus où donner de la tête … sa nouvelle tournée, axée uniquement autour de 3 musiciens, est un carton. Pis bon, quand tu as pratiquement désormais 20 000 personnes chantant « Baya » même après la fin de la chanson, même après le remerciement des artistes, même après la fin totale du concert, tu te dis qu’à défaut d’être gourou, -M- est un malicieux magicien, maîtrisant à la perfection l’alchimie des mots simples et justes avec des mélodies faussement faciles. Bref, ZE concert depuis le début du festival. En pouvait-il en être autrement ?
Breakbot clôturera la soirée, et après le bazooka M, commencer avec des low tempo pour son set était assez mal senti. Du coup, il a perdu en quelques minutes des milliers de personnes. On comprend bien la logique de son set « je commence doux, je tabasse comme une brutus à la fin », mais après le foudroyant Chédid, il fallait faire plus simple, et surtout plus radical, quitte à ne pas respecter les morceaux qu’on s’était jurés de passer dans un certain ordre. Il n’y avait qu’une solution : tabasser du début jusqu’à la fin.
Que retenir de cette 2e journée ? #cetaitsupertoutsimplement … hop, en moins de 140 caractères.
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