La « der des ders » des festivals de l’année c’était aux Transmusicales de Rennes ce week-end pour la 39ème année consécutive, ou bien était-ce l’opening party de l’année 2018 comme depuis 25 ans aux Bars en Trans ? Pendant deux jours, nous avons oscillé entre les deux programmations en battant le pavé du centre de Rennes ou en sautant dans les flaques d’eau entre deux hangars du Parc Expo.
1- « C’est complet ? »
Toute contente d’arriver à Rennes le vendredi après-midi pour mes débuts dans ces festivals, j’ai bien cru faire chou blanc toute la soirée. Tous les bars ont affiché complet plusieurs fois par soir, à commencer par La Place (entrée par Miracle, avec un M majuscule) et le Dejazey (entrée par pure pitié de ne pas me laisser seule sous la pluie avec mon matériel – merci les gars !). Je vous rassure, le public est mobile pour profiter de tous les talents programmés et les imprévus sont merveilleux.
2- « On va tenir bon, on va allumer le feu ! » entendu au Dejazey avant Refuge
Pour ne pas le rater, on squatte le Dejazey une heure avant son concert. On attrape un bout du duo électro Edgar vu aux Nuits Secrètes, avant de se plonger dans la pop alternative de notre finaliste 2017, Refuge. Florian cisèle une pop délicate au piano, accompagné d’une joueuse d’alto, d’un bassiste parfois beatboxer et de percussions. L’occasion de découvrir pour la première fois en live quelques titres de son futur album Hunger (sortie prévue pour automne 2018) comme l’intense Marks, le voluptueux Body et l’intime 2016. On a hâte de réécouter ces titres en feuilletant le livre disque qu’il prépare avec la photoreporter Marie Magnin.
3- Lost in Trans
A l’instar de Bourges au Printemps, la ville de Rennes est un acteur à part entière du festival. Au début, on hésite, il faut se raccrocher aux applications, puis à Google Maps qui parfois nous dirige vers Montréal et l’autre fois vers Nancy. Une fois le trajet du Gatsy Club au Chantier effectué, nous avons Rennes dans la poche pour se laisser embarquer par la beauté des rues. Oui, Rennes c’était sous la pluie, et c’était joli. De jour, de nuit, au milieu du béton comme des maisons à pans-de-bois.
4- Le prix de la meilleure navette
Aux Festival Awards, pas de catégorie « navette ». Pourquoi ? Les Transmusicales l’emporteraient haut la main. Départ de l’esplanade Charles de Gaulle en direction du Parc Expo, le trajet de 15 minutes vous transporte sur une autre planète. Nos images sont censurées.
5- Plus c’est loin, plus c’est bien
A peine arrivée au parc expo, je fais trois fois le tour de tout avant de trouver le bon hall : Hall 3 ! Oreskaband ! Le groupe japonais arrange le ska avec ses cuivres et fédère jusqu’au dernier rockeur. Les 6 osakaises se permettent de faire asseoir puis sauter toute la foule sur un rappel. Il est 1h30 et le voyage commence à peine.
Direction la Nouvelle-Orléans, ou plus précisément le Hall 8 pour retrouver Tank & the Bangas pour un hommage au funk, à la soul, au bounce music, au hip-hop, au jazz, à la pop. Oui, tout ça, et merveilleusement orchestré par la chanteuse « Tank » Ball. Absolument tout le monde est ressorti en dansant, en chantant, et le sourire aux lèvres.
Flamingods propose aussi leur interprétation des rythmes du monde entier qui vient servir leur son psyché. Ce collectif nomade au son planant vient fêter à Rennes la dernière date de tournée et se paye un dernier voyage emporté par les bras de la foule.
Aux Transmusicales, la programmation est pointue, inconnue pour la grande majorité, mais le pari est largement rempli de se laisser emporter par le son plutôt qu’un nom…
6- Transbelges
Pas moins de 7 artistes belges étaient présents cette année aux Bars en Trans. Big up à Angèle, Témé Tan et DC Salas, venus présenter leur projet solo avec succès. Le vendredi soir, tout le monde avait deux mots à la bouche : « Angèle » et « République » (mot de passe pour ne jamais se perdre dans Rennes). S’accompagnant au clavier, en mêlant chant et humour, la jeune femme a joué à l’étage de « La Place » entre un bar et un escalier mais surtout, devant un public blindé et déjà emballé. Rendez-vous cet été sur les routes des festivals?
7- Le samedi soir à la Chapelle
Un peu à l’écart du centre des Bars en Trans, le conservatoire de Rennes abrite une chapelle qui accueille, outre une statue du roi Arthur, quatre groupes français gardant un joli secret. Devant une foule toujours compacte, Silly Boy Blue, Vale Poher, Tiny Feet, Julien Grasnel puis Malik Djoudi ont feutré la chapelle de chansons mélancoliques et électroniques pendant toute la soirée du samedi. Un moment singulier.
8- C’est tropicalisé ?
Du Gatsby Club au Penny Lane, il y a 600 mètres et des litres de pluie. A l’arrivée, c’est complet. « Mais il me faut une photo ? », c’est ok pour la photo. Je m’enfouis dans le bar, qui est en fait une énorme cave voûtée sur la longueur. La scène est tout au bout du bout du bout. Je décide de m’arrêter quelques mètres avant pour profiter d’un bon bain de foule, essuyer mes lunettes, essuyer mon appareil photo puis recommencer. 10 fois.
Pour quoi tout ce monde ? Le Villejuif Underground ! Le groupe de Born Bad Records commence en retard mais Nathan n’attends pas deux secondes pour se balader dans le public, ramper sur le sol et accrocher des gants au plafond. Un peu Fat White Family, un peu de Lou Reed. Ou rien de tout ça. Le Villejuif Underground quoi.
On en prend une bonne dose puis on replonge dans la nuit rennaise.
9- Voyou et Azur à l’Étage du Liberté
Pour affronter ce samedi soir rennais, il ne fallait pas avoir peur des gouttes. Heureusement, ce n’est pas le genre du nantais Voyov ou du lillois Azur ! Le premier, avec sa pop rêveuse et sa scénographie toute en projections naïves, a généreusement réchauffé le public de l’Étage, sautant des machines à la guitare ou la trompette. Le second nous a permis d’esquisser les premiers pas de danse de la longue nuit à venir avec un set techno tout en inspirations tropicales. Résultat : on sort du Liberté à 20h requinqués et prêts pour une nouvelle soirée de folie !
Voyov © Sarah Bastin
10- Vivement le clonage humain
Entre tourisme rennais, deals à l’entrée, une riche programmation et l’interdiction du clonage humain, j’ai donc raté : Corine, Washed Out, Louis Piscine (mais on a pu lui tirer le portrait avant ses balances !), Sopico, Buridane, Aloise Sauvage, Ouais Stéphane. Mais aussi, Calypso Valois et Brian’s Magic Tears, programmés la veille.
Pour retrouver les photos de Sarah Bastin, c’est par là :