Les Francofolies de la Rochelle, jour #4

Live report

Avant-dernier jour des Francofolies de La Rochelle édition 2013, pas de baisse de régime en vue, Swann et La Blonde continuent d’enchaîner les concerts pour profiter au maximum de la belle programmation du festival, sous un soleil de plomb. Au programme  du jour : deux jolies découvertes sur la scène de l’horloge rouge, des concerts parfaits au théâtre Verdière, un peu de folie dansante au Diane’s, des instants reposants au son de bien jolies voix du côté de la grande scène et un final explosif avec –M-.

(Comme toujours  le billet est écrit  à quatre mains, NotSoBlonde signe en rouge, Swann en bleu)

 

Marie Pierre Arthur

Marie Pierre Arthur officie dans le registre de la chanson rock québécoise et on peut aller jusqu’à dire sans prendre aucun risque qu’elle y excelle. Avec ses titres aux refrains entêtants et sa plume ciselée on la compare souvent à Feist. Une belle réputation qui n’a rien d’usurpé si on en juge par l’excellente prestation qu’elle a livré hier après-midi au théâtre Verdière. Accompagnée de deux guitares et parfois d’un banjo, d’une batterie et d’un clavier, elle était à la basse et chantait avec une belle énergie. Si le public a surtout participé sur « Si tu savais », un morceau qui a été popularisé par de nombreux passages en radio en France, elle a su l’embarquer sur les titres moins connus grâce à son sourire sincère et son interprétation convaincante. Joli final sur lequel elle fait chanter les spectateurs sur « All Right ».  Apothéose d’un concert parfaitement mené.

 

Folfox

Le projet est encore jeune mais déjà on sent qu’ils feront parler d’eux dans quelques années. Une fille, un garçon. Un clavier, une guitare éléctrique, des chansons en français, des textes qui parlent d’amour, de cigarettes. Un projet électro et intimiste qui mérite qu’on y jette une oreille.

 

Axel Bauer

« C’est un peu bizarre un concert assis d’Axel Bauer », dixit Axel Bauer himself. C’est vrai que pour écouter du rock, il y a mieux qu’un théâtre. Le chanteur, absent de la scène depuis près de 7 ans, vient défendre son nouvel album « Peaux de Serpent », un album rock oui, mais intimiste. Et pour ce genre de musique, très intense et nébuleux, le théâtre Verdière convenait parfaitement. Noyé dans l’obscurité, l’ex-marin interprète ses titres avec intensité et simplicité. Pas de jeu de scène particulier, juste l’homme, ses fantastiques musiciens et ses chansons aux accents bashungiens. Le rockeur n’a pas oublié les vieux titres, et c’est sans surprise que la salle toute en entière s’est levé pour danser sur « Cargo de Nuit » ou « Eteins la lumière ». Non, Axel, on n’éteindra pas.

 

Bel Plaine

Jolie découverte sur la scène de l’horloge rouge hier soir (scène qui, décidément, s’avère être un vrai vivier de jeunes talents surdoués) : Bel Plaine. Avec ses titres d’indie pop inspirés Bel Plaine a assuré la parfaite bande son de la fin d’après-midi ensoleillée que nous a réservé le ciel rochelais. Un groupe plein de promesses. A suivre de très près.

 

The 1969 Club

Toujours sur la scène de l’horloge rouge, c’est The 1969 Club qui succède à Bel Plaine. Un live électrisant qui évoque Gossip. La charismatique chanteuse, vêtue de son pantalon imprimé façon boule à facettes, fait preuve d’une énergie redoutablement efficace. Le son des rennais qu’on annonce comme un mélange de disco, house, club et rock fait l’effet d’un cocktail de vitamines musicales. Du bon son qui requinque, à consommer sans modération.

 

Rover

Entre Rover et le festival c’est une grande histoire d’amour. Et pour cause, passé par le chantier des Francos il y a deux ans, il fait depuis une escale chaque été à la Rochelle. L’année dernière, il jouait au Grand Théâtre avec les Crooners, cette année c’est la grande scène de Saint Jean d’Acre. Evolution logique et proportionnelle au succès qu’il rencontre. On aime beaucoup son album à Rover. On n’arrête pas de souligner la beauté de ses performances vocales mais en revanche pour ce qui est du live, on est un peu déçue. Le garçon reste assez statique, et finalement il ne se passe pas grand-chose.

 

Lou Doillon

La première chose qui nous frappe quand Lou rentre sur scène, c’est son élégance et sa classe naturelle. Port de tête de danseuse, robe blanche immaculée, long cheveux ondulées qui couvrent ses épaules, Lou pourrait être un ange descendu sur la scène de St Jean d’Acre. Quand elle a sorti son album, I.C.U, la fille de Jane Birkin a divisé. D’un côté ceux qui avaient adoré. De l’autre, ceux qui avaient détesté. Les avis étaient tranchés, la chanteuse ne laissait personne indifférent. Depuis, elle a fait ses preuves et une Victoire de la Musique plus tard elle rassemble plus qu’elle ne divise. Sur la scène des Francofolies, elle a été éblouissante. Touchante. Fragile et forte à la fois. Fidèle à son habitude, elle s’est déplacée avec sa scénographie : des arcs de lumière un peu partout sur scène. Baignée dans un halo continue elle chante les titres de son album, de « I.C.U » à « Make a Sound » en passant par « Jealousy ». Entre deux morceaux, elle n’oublie pas d’adresser une pensée à sa mère, qui joue non loin de là, dans le Grand Théâtre.

 

Super Pop Corn

Toujours aussi en forme, le duo de Super Pop Corn a ambiancé le Diane’s hier soir. Attaquant le concert sur un « Je danse mal » complètement survolté, Julien commence par une mise en situation rituelle : « Tu sais, c’est ce genre de moment où tu es en train de parler avec des gens et soudain tu entends TA chanson. Là tu quittes tout et tu cries « mais c’est MA chanson » et il se passe ça : *démonstration de danse décomplexée n’obéissant à aucune règle officiellement recensée* ». Puis soudain, il jaillit dans le public et danse avec ceux qui occupent les premiers rangs, les faisant participer à leur tour un peu au spectacle. Audacieux et bien vu. Ou comment se mettre les spectateurs dans la poche dès le premier titre, spectateurs qui ont d’ailleurs joyeusement dansé au son de l’électropop de Super Pop Corn avant qu’Airnadette ne vienne prendre le relais pour un « air concert » complètement allumé.

 

Gael Faure

Après la chapelle et le théâtre Verdière, Gael Faure se lance sur la grande scène avec son fidèle compadre Vincent Brulin. Deux titres avant –M- « Tu me suivras » et « Traverser l’hiver ». Pas impressionné du tout, le garçon a embarqué les 12 000 personnes réunis sur St Jean d’Acre.

 

-M-

Pour l’avoir pas mal suivi sur cette tournée, je suis en mesure de l’affirmer : où qu’ils passent, Matthieu Chedid et ses deux musiciens captivent les foules et les font bouger façon marionnettes démultipliées. C’est devant 12 000 personnes hier, sur la grande scène de Saint Jean d’Acre que -M- a joué les titres de son dernier album « Îl » associé aux si nombreux tubes qui jalonnent sa discographie « Machistador », « Qui de nous deux », « Je dis M », « Onde sensuelle »… Belle démonstration de son talent hier pour cet artiste qui conçoit son live comme une œuvre participative, dans laquelle le public devient acteur à proprement parler de l’événement : qu’il le fasse chanter, qu’il l’invite sur scène (Pour « Nostalgique du cool » et « Mojo », des enfants ont partagé la scène avec lui), qu’il lui apprenne une chorégraphie sommaire afin de lui faire réaliser une « danse de la main » sur « Mama Sam »… Tout est fait pour que les spectateurs deviennent acteurs à part entière du concert et sa réaction est toujours la même : il en redemande ! Spectacle complet, le concert débute avec -M- seul sur le plateau, chantant en s’accompagnant au clavier, instrument qui disparaît bien vite après qu’il ait balayé le public d’un faisceau de lumière bleue qui perfore l’obscurité.  La scène s’avance alors pour faire face au public, il est rejoint par ses deux acolytes et le trio fait le show. On retiendra notamment un magnifique slam du public, guitare à la main, alors qu’il fait mine de continuer à jouer, slam qui se termine par un retour sur scène où il fait mine de jouer des solos avec les dents ainsi que le dynamisme époustouflant des spectateurs et l’incroyable ferveur des 12 000 mélomanes réunis hier soir à Saint Jean d’Acre qui ont fait de ce set un moment d’exception, riches en instants-frissons. -M- hier soir a mis de la chaleur dans les corps et dans les cœurs. Bonheur.