Ça devient presque une tradition ! Pour la troisième année consécutive, les blogueuses NotSoBlonde et Swann sont parties couvrir pour nous les Francofolies de la Rochelle. Exceptionnellement, c’est chacune leur tour qu’elles vont vous livrer leurs impressions sur la première journée du festival qui commençait hier. On a tiré au sort et c’est NotSoBlonde qui inaugure ce post :
Francos jour 1 :
Paris. Pluie. Ciel gris.
3 heures plus tard, La Rochelle. Ciel dégagé, douce tiédeur de la fin de journée. Miracle du TGV.
Cette année, les Francofolies se parent de leurs plus beaux atours pour fêter les 30 ans du festival.
Notre arrivée tardive ne nous permet pas d’assister à l’intégralité du concert d’ouverture du festival prévue sous forme d’un hommage à Jean-Louis Foulquier, disparu en décembre dernier. Jean-Louis Foulquier c’est l’homme qui a fondé les Francofolies qui ont démarré en 1985 (oui, ça ne t’aura pas échappé ça fait seulement 29 ans, ne m’en demande pas davantage ; il y a des affiches placardées partout en centre ville qui annoncent les 30 ans, je crois même qu’il y a des T-shirts imprimés exprès pour ça. Disons que ça fait effectivement 30 ans et restons-en là).
Autant te dire que pour cette édition un peu spéciale « 30 ans ET la disparition du fondateur du festival », le festival a mis les petits plats dans les grands.
La soirée d’ouverture, donc. « Improbable ». Oui, ça y est, tant pis : Le mot est lancé.
Il faut bien se l’avouer, quand on a parcouru l’affiche de la soirée d’ouverture des Francofolies de La Rochelle édition 2014, on s’est demandé ce que pouvait bien donner la réunion de Joyce Jonathan et Hubert-Félix Thiéfaine sur une même scène ou encore la proximité entre Zaz et Michel Jonasz dans la programmation. Stupéfaction.
Et c’est donc avec une vraie curiosité qu’on s’est approché de la grande scène de Saint Jean d’Acre, hier soir, tard . On aurait bien été à l’heure, en vrai, mais techniquement ça n’a pas été possible. Une sombre histoire de TGV réservé trop tard. Enfin je te passe les détails.
Le parvis de Saint-Jean d’Acre était plein à craquer hier, pour cette soirée un peu spéciale. Sur place, une première partie de soirée a été confiée au trio Bensé, Bernard Lavilliers et Jacques Higelin, qui se sont succédés pour rendre hommage à Jean-Louis Foulquier, d’après le programme.
De notre côté, on est arrivé seulement pour Higelin, un peu triste d’avoir manqué le lancement de soirée mais avec le plaisir de retrouver la folie douce de cet artiste hors norme qui entre deux morceaux, s’est plu à confier son délire parano vis à vis du drone qui survolait les alentours de la grande scène avec la verve qu’on lui connait.
« Ce serait énorme, remarque, qu’il me vise, là, en plein cœur, d’un coup : Imagine les gros titres « mort de Jacques Higelin pendant le concert des 30 des Franfolies…Imagine ! » lance t’il, l’oeil rieur.
Après quelques digressions savoureuses dont il a le secret (à propos du Mondial et de ses joueurs de foot surpayés), il invite Sandrine Bonnaire en guest sur « Avant », titre qu’ils interprètent en duo sur le dernier album de l’artiste « Beau repaire », mais aussi Kent ou Miossec (merveilleux comme à son habitude et d’une fragilité poignante). Que du beau monde pour un bien bel instant.
Ensuite, place au concert des 30 artistes réunis pour fêter les 30 ans du festival. Sur scène, on constate rapidement que tous ceux qui étaient là ont écrit un peu de l’histoire de la chanson française -qui n’a pas connu que des heures glorieuses, comme nous le rappelle la présence de Joyce Jonathan (ou encore de Zaz) sur scène hier soir. Toutes générations confondues, l’esprit bon enfant qui régnait sur scène hier était un peu contagieux, avouons-le tout de suite.
Déjà, le concert débute avec Alain Souchon qui entonne son mythique « foule sentimentale » devant un public qui l’accompagne d’un bout à l’autre de la chanson. Emotion. S’en suivent des solos, des duos, des trios, jusqu’à un final, forcément collectif et un peu foutraque, sur le titre de Brassens « les copains d’abord », parfaite conclusion de la soirée éponyme qui a permis de balayer 30 ans de Francofolies à base de montages vidéos soignés .
Quelques ovations éphémères ont ponctué les projections lors des passages de Gainsbourg, Bashung, Johnny ou encore Yvette Horner (si!).
Le maitre de cérémonie hier soir était le grand Omar Sy, impeccable jusque dans son improbable version de « Casser la voix » sur laquelle il s’est risqué à danser comme Sinatra. Drôle et classieux (défi pas si évident à relever que de mêler les deux), Omar a su rendre jovial cet hommage qui se voulait avant tout heureux et respectueux. Pari réussi.
On retiendra certains moments de grâce absolue lorsque Véronique Sanson s’installe au piano pour « ma drôle de vie » par exemple ou encore lorsque la fascinante Christine And The Queens reprend « aimer est plus fort que d’être aimé » de Balavoine. Frissons.
Qu’on apprécie ou pas le travail des artistes présents il était bien difficile de résister à l’envie de fredonner les tubes interprétés hier soir tant il font partie du répertoire collectif.
On retiendra les déhanchés incendiaires de Yannick Noah (Caliente!), la classe absolue d’Elodie Frégé dont on regrettera qu’une longue mèche rousse lui ait barré le visage pendant son titre en solo (on était entre Jessica Rabbit et Albator, si tu veux te faire une idée), l’énergie positive revigorante qui émanait du « langage des fleurs » interprété par Voulzy en solo, et chanté en grande partie par le public, la classe de CharlElie sur son « comme un avion sans ailes » et la bouleversante reprise de « la groupie du pianiste » par Jeanne Cherhal.
On préfèrera oublier la voix étonnamment peu assurée de JP Nataf sur « L’autre finistère » pour la reformation pourtant attendue des Innocents, l’étonnante programmation qui a fait se succéder Zaz puis Hubert-Félix Thiéfaine (ou le grand écart absolu version musicale), le blasphématoire « Osez Joséphine » façon Ben l’Oncle Soul (dans le registre -pince moi je rêve- on peut difficilement faire mieux ), l’insipide duo entre Joyce Jonathan et Salvatore Adamo ou le mollasson « les filles de 1973 ont trente ans » de Vincent Delerm, pourtant d’ordinaire très efficace mais un peu en dessous des autres, niveau ambiance, ce soir.
Au final, joli concert choral mais inégal où a brillé le trio formé par Mat Bastard, Jean-Louis Aubert et Yannick Noah sur « New York avec toi », trio d’artistes dont la joie d’être là était palpable.
On aurait aimé plus de moments comme celui-ci, franchement riches en émotion.
La 30ème édition des Francofolies est officiellement lancée, rendez-vous demain pour la suite.
————————————————————————————————————————————————————————————————————
Et maintenant place aux impressions de Swann sur cette soirée inaugurale :
Joyeux anniversaire. Joyeux anniversaire. Joyeux annniiiiiiiversaire les Francofolies. 2014. La Rochelle est en fête. Son festival souffle ses trente bougies et, pour l’occasion, l’organisation a mis les petits plats dans les très grands en invitant le gratin de la chanson française pour une soirée en deux parties.
On débute par un hommage à feu Jean-Louis Foulquier, l’instigateur des Francofolies, celui qui allait chercher les artistes dans la rue et dans les bars pour les faire connaitre du grand public. Forcément, on a une pensée très émue pour ce grand monsieur. Les artistes aussi ont eu une pensée pour lui : Jacques Higelin lui rendra un vibrant hommage. Paix à son âme.
Après les hommages, la fête, avec les « Copains d’abord ». Là, les Francofolies ont donné rendez-vous à toute la variété française. Vraiment toute. Ce qui donne, sur la Saint Jean d’Acre (plein à craquer) des enchaînements étranges : Alain Souchon >> Nolwenn Leroy >> Laurent Voulzy >> Joyce Jonathan (oui elle existe encore) Zaz (aïe) >> Nolwenn Leroy >> Christophe Willem (oui, il est encore là) >> Julien Doré >> Nolwenn Leroy etc. On ne va pas tous les citer parce qu’en vrai, ils sont trente à défiler ce soir-là. Ceci dit, ça se tient : trente ans, trente chansons, trente artistes. Et trente passages, entrecoupé de séquence vidéo-émotion, c’est un peu long. Mais, c’est tout de même une jolie soirée animée par un Omar Sy plus qu’en forme.
Pour résumer : Yannick Noah nous a donné chaud avec ses déhanchés à rendre jaloux Patrick Swayze, Zaz elle, nous a rendu sourd, Jean-Louis Aubert a fait un bœuf avec Mat Bastard, c’était étrange comme rencontre mais ça fonctionnait plutôt pas mal.
Dans les casseroles de la soirée : Ben l’Oncle Soul s’est « amusé » à reprendre « Osez Joséphine » du grand Alain Bashung (qui est mort une deuxième fois, ce soir-là), à la sauce « soul Disney ». Je l’aime beaucoup Ben, mais ce soir, c’était déplacé. JP Nataf a un peu chanté faux, on se demande encore si le micro de Joyce Jonathan était branché, Vincent Delerm et Benabar ont un peu plombé l’ambiance jusque-là festive à coups de titres franchement dépressif (« Les filles de 1973 ont trente ans » pour l’un et « Je suis de celle pour » le second.) Terminons sur une note hyper positive : Julien Doré et Thomas Dutronc ont fait danser Saint Jean D’Acre, Patrick Bruel (absent pourtant) nous a fait chanter tous en chœur « Casser la voix ». Pourtant, il n’était pas là. Enfin.
ENFIN Christine & The Queens a éclaboussé le festival de sa classe surnaturelle en reprenant Daniel Balavoine. Mettre 15 000 personnes dans sa poche, ça relève de l’ordre de la séance de spiritisme.
Pour terminer en beauté, les trente artistes se sont retrouvés sur scène, façon collégiale « Nouvelle star » pour chanter « Les Copains d’Abord », repris par les courageux festivaliers restés jusqu’au bout de la nuit. Il est quelque chose comme 2h30. Trente ans, trente artistes, trente chansons. C’est cool. Mais c’était un peu long.