Après le vote du public, la nomination des 10 finalistes, notre tournée à travers la France et la victoire finale des Bretons de FUZETA, vous pensiez certainement en avoir fini avec l’édition 2015 du Prix Ricard S.A. Live Music. Nous aussi. Mais c’était sans compter sur notre département statistiques, auteur d’un tableau d’après match où l’instructif côtoie parfois l’improbable. Résumé en dix chiffres essentiels (ou pas) tirés de l’infographie réalisée par notre graphiste Thibaut Vankemmel.
87%
C’est le pourcentage d’hommes ayant cette année participé au Prix Ricard S.A. Live Music, parmi les 1143 groupes inscrits. On serait bien tenté de dire qu’avec toutes ces barbes et jeans sales ça sent un peu le fauve (rien à voir avec le groupe) mais c’est sans compter sur le fait que 34% des groupes comportaient au moins 1 femme au sein (sic) de leurs formations. Quant aux minuscule 13% de femmes inscrites cette année, pas de blague sexiste s’il vous plait : tout le monde sait qu’après le bassiste, elle est évidemment la meilleure amie du rockeur.
3
Si la tendance 2015 laisse à penser que les groupes inscrits sont majoritairement « rock » (voir la domination du trio gagnant guitare-basse-batterie), on aurait tort de croire que les participants avaient cette année tous envie de jouer du Kyo ou pire encore, des chansons de Jason Mraz (quoique avec 18 groupes comportant un ukulélé, on soit tenté d’appeler police secours). A quoi correspond cet énigmatique chiffre 3, allez-vous me dire ? Il s’agit tout simplement du nombre de groupes munis de… cornemuses. Si vous aussi vous croyez à un retour de hype sur cet instrument oublié, direction la forêt de Brocéliande avec un survival kilt. N’oubliez pas d’enlever votre culotte.
157
Pour le plus grand bonheur des haters convaincus qu’un complot parisianiste plane sur le Prix, 157 des groupes inscrits cette année viennent de la Capitale. Un chiffre loin devant toutes les autres métropoles qui permettra à certains de se conforter dans l’idée qu’il faut faire la gueule, posséder un pass Navigo 4 zones et payer 3000€ pour une chambre de bonne si l’on veut gagner le Prix. C’est évidemment faux, puisque les deux derniers lauréats viennent respectivement de Flers (Two Bunnies in Love) et Vannes (Fuzeta).
67%
C’est le nombre de groupes massacrant parfois la langue de Shakespeare, et à qui on aurait aimé conseiller des cours au Wall Street Institute avant de brancher les amplis. Si les esprits avisés auront remarqué que 53 % des groupes chantent en Français (message à l’attention du département statistique : peut-on à la fois chanter en Anglais ET en Français ?), un autre chiffre est encore plus éloquent : 3% des groupes chantent dans une langue dite « autre ». Des fans de la langue Elfique de Tolkien dans la salle ?
1978
Là, on touche carrément au sublime. Le plus vieux groupe inscrit cette année s’est formé en… 1978. S’agirait-il des membres de Police, à moins qu’il ne s’agisse de, euh, votre père ? En attendant d’avoir la clef de l’énigme, il est intéressant de noter que 30% des groupes disposaient au moment de leurs inscriptions de moins de 3 ans d’expérience. De quoi nous convaincre que le Prix est tout de même un sacré radar à groupes émergents.
Led Zep, Radiohead et Pink Floyd
Okay, je vous vois venir : « bah c’est pas un chiffre ça… ». Bien vu, y’en a deux qui suivent au fond. N’empêche. Il est intéressant de remarquer à quel point les jeunes groupes sont influencés par le passé, et à quel point la barrière générationnelle est tombée (merci Internet) avec le passage à l’an 2000. On applaudit aussi des deux mains pour les pépites d’orthographe de cette édition (non, « Interpaul » et « Jacques Johnson » n’ont pas grandi en France !). Heureusement que Bernard Pivot n’est pas (encore) fan du Prix…
44%
Alors que la professionnalisation des groupes dit « amateurs » va bon train, il est intéressant de constater que 44% d’entre eux disposaient soit d’un éditeur, soit d’un manager ou d’un tourneur (voire carrément des 3, pour 2% d’entre eux). Une très bonne nouvelle pour la musique française, au moment où le mythe de l’artiste entrepreneur (capable de tout, tout seul) prend un peu l’eau. Avoir un bon entourage (rien à voir avec le groupe de rap) permet effectivement au groupe de se concentrer sur l’essentiel pour arriver au sommet : sa coupe de cheveux.
0
252 des 1143 groupes inscrits étaient au moment de leurs inscriptions vierges (de toute sortie, je précise). Là encore, un très bon signal pour tous ceux qui persistent à croire que le Prix s’adresse majoritairement aux groupes disposant d’une page Wikipedia avec une discographie plus longue que le bras de Bernard Tapie.
56,5
Impossible de savoir à quoi ils carburent (on n’est pas membre du comité de test dopage du Tour de France) mais toujours est-il que c’est le nombre de concerts réalisés en moyenne par chacun des groupes inscrits. Comme dirait Luchini – ou Rocco, dans un autre genre : « c’est énorme ».
7%
Pour conclure, on aurait pu parler de l’écrasante place prise par Facebook (97% des groupes disposent d’un compte) dans l’utilisation des réseaux sociaux, ou encore noter que Twitter est moins utilisé que Youtube ou Soundcloud pour la promo des chansons. On pensait même à vous faire la blague « y’en a même encore qui utilisent Myspace ». Sauf qu’en fait, près de 7% des groupes inscrits utilisent encore Myspace ! Postent-ils encore des bulletins, s’usent-t-ils les poignets sur les célèbres « add to friends » ou sont-ils simplement coincés dans les années 2000 ? Mystère… Une certitude tout de même : si les groupes les plus populaires sur Facebook disposent de plus de 10.000 fans, il suffit parfois de 700 fans, comme Fuzeta, pour gagner le Prix. C’est bien la preuve que les chiffres, comme les chanteurs, on leur fait dire ce qu’on veut. A bon entendeur…
Pour encore plus d’informations et de stats sur l’édition 2015 du Prix Ricard S.A Live Music, consultez notre infographie complète. Un grand merci à Thibaut Vankemmel, le graphiste en chef de la team RLM pour toutes ces belles illustrations :