Entre le tourbillon de la Femme, une apocalypse signée Suuns, puis un monde ressuscité par les excellents Battles, la Route du Rock a offert un samedi à la programmation des plus juteuses.
Après avoir dégusté un pâté de tête au calme sur la plage devant Requin Chagrin et subi un medley de haut vol dans la navette qui nous emmène au Fort (du Douanier Rousseau au remake de « Ici c’est Paris » ) on enchaîne avec la mignonne découverte de Lost Under Heaven (LUH.), duo mené par la voix arrachée de Ellery Roberts (ex leader Wu Lyf) et les cris intempestifs de Ebony Hoorn. On tombe rapidement sous le charme de ces chansons d’amour colériques sur fond de rock Mancunien.
Au risque d’être black listés par l’inteligencia du rock, on passe assez vite sur Tindersticks. Apaisés sur fond des douces ballades passées doublement cultes depuis un live magistral à la cathédrale de Bourges il y a une poignée d’années, c’est l’heure de se plancher sur le planning devant un plat de quesadillas. La Femme passe dans dix minutes, et la foule est déjà bien installée devant la scène du Fort. C’est le moment d’y aller.
Depuis leur premier album Psycho Tropical Berlin, la marmaille impudente de La Femme n’a pas cessé de faire bouillonner les festivals français. Quelques morceaux du prochain album nous mettent l’eau à la bouche : le nonchalant et entêtant Où Va le Monde, ou encore Mycose dont le chant aérien apporte une alternative un peu fraîche aux ritournelles surf rock qui ont propulsé le phénomène (pas d’impasse sur Antitaxi et Sur La Planche). D’ailleurs ça marche toujours à fond : le public danse sincèrement pour la première fois depuis le début du festival.
Exploded View, formation de post punk / noisey suédo-mexicaine, procède à des balances en direct sur la scène des Remparts. Tout les facteurs sont réunis pour que ce set soit un poil spé, fortement imprégné du parcours d’Anika, si l’on se réfère à son album aux influences lynchiennes glauques sorti sur le label californien Stones Throw. D’ailleurs, le début du set pourrait finalement être une parfaite BO de Mulholland Drive, mais malheureusement notre seuil de tolérance à cette formation totalement expérimentale est vite atteint.
Suuns, habitué de La Route du Rock offre un moment d’intensité pure : incessantes montagnes russes de nappes électroniques, ponctuées de lâcher-prises dans un rock plus expérimental (UN-NO, excellent titre de leur nouvel album Hold/Still en est la parfaite illustration) . Tenus en haleine jusqu’au bout, le retour à la réalité est long après ce micro-cataclysme.
Le retournement continue avec les pointures geek de Battles et leur set complètement fou, rythmé par la batterie effrénée de John « 10 000 points de cool » Stanier. On est hanté par ce math-rock presque pop (dixit la mélodie martiale de Atlas) et la course de clavier cartoon de The Yabba.
Demain, on vous expliquera comment émousser ses coups de soleil sur un pogo (set de FIDLAR, forcément) ; viendra aussi l’heure du débrief du dîner presque parfait chez Rod Maurice, autre highlight de ce dimanche !