Ricard S.A Live Music, partenaire historique du FAIR, poursuit sa série « L’artiste Fair du moment » qui au travers de vidéos et de textes vous présente au fil des semaines l’intégralité de la sélection 2012. Après Kid With No Eyes, Sarah W. Papsun et Manceau c’est aujourd’hui de John Grape dont nous allons vous parler.
Ils sont trois, ils aiment la folk et les bidouillages, les productions Do It Yourself et les chansons qui ne se cantonnent pas à un style. Ils s’appellent John Grape et quand on les écoute on pense à Herman Dune et à Grandaddy. Eux disent osciller entre Jeff Buckley, 31knots, Bon Iver et The Bewitched Hands et il y a peut-être un peu de ça aussi. En tout cas, lorsque leurs guitares se font un plus présentes comme sur « Wiser », on comprend que leur univers englobe la sphère indé dans le plus large sens du terme et on pense même à Radiohead sur « Come on & hurry ».
Comme ils n’ont pas trop d’argent, ils font des clips minimalistes où des ghetto-blasters et autres tourne-disques crachent du son dans la nature avec des chats qui passent devant. C’est à la fois léger, simple et bien pensé, un peu à l’image de ce groupe à la fois intime et décalé. D’ailleurs ils s’appellent John Grape en hommage à leur chat Jean Raisin décédé alors qu’ils cherchaient un nom ! Je ne sais pas si cette histoire est vraie, mais je trouve qu’elle correspond bien également à la personnalité du groupe (surtout que le chanteur s’appelle Vivien TrelCAT ; ça ne s’invente pas). John Grape aurait pu faire une musique mi hippie mi lo-fi avec beaucoup d’humour dedans, mais on sent que, derrière l’image qu’ils donnent, il y a un vrai souci de bien faire les choses. D’ailleurs toujours dans un esprit Do It Yourself, le groupe a également monté une association intitulée la Véranda destinée à soutenir la scène rémoise.
C’est donc avec plaisir que nous sommes partis les filmer. La veille de la session, John Grape avait assuré un sacré show en première partie du concert des Stuck In The Sound au Krakatoa. Et lorsque l’équipe du Ricard S.A Live Music et Rod du Hiboo les retrouvent tôt le matin, on se doute que les corps sont fatigués et que le trio n’a pas encore récupéré de la veille. Mais peu importe, le soleil s’est levé et éclaire la ville d’une luminosité propice à une session acoustique, et John Grape en a encore dans le ventre. C’est sur des voies de chemin de fer que se déroulera l’enregistrement : les trains peuvent arriver à n’importe quel instant et il faut guetter l’horizon pour ne pas se laisser surprendre. Au moment de commencer à jouer, il s’avère que le synthé ne fonctionne pas et qu’il faudra improviser différemment, avec une guitare, une batterie et deux voix pour mener la danse.
Il y a la fatigue, ces instruments qui ne fonctionnent pas et ces trains qui risquent d’arriver, et pourtant John Grape est bien là, à fond dans sa chanson. L’écran est divisé en deux, comme deux polaroids qu’on aurait accolés et on saute d’une voix à l’autre. Bien sûr la guitare et la batterie soutiennent l’ensemble, mais on n’est pas loin de se dire que la session aurait pu être a cappella et rester tout aussi réussie. En tout cas la version se démarque de sa version originale tout en restant très complémentaire à celle-ci.