J’IRAI FILMER CHEZ VOUS : OLYMPIA FIELDS (JOUR 2)

Nos concerts

15 groupes à filmer en 15 jours, trois rois mages mal rasés qui sentent la sueur, des centaines de calories et de kilomètres engloutis ; c’est le résumé du Ricard S.A. Live Music 2014 qui nous emmène aujourd’hui à visiter Saint Malo, à la rencontre des rennais d’Olympia Fields pour une improbable session sur le bord de mer. Froid polaire, ambiance fin de monde et bourrasque qui glace les doigts, cette fois on peut vraiment dire que ces cinq garçons sont dans le vent…

Si vous avez raté l’épisode précédent, le périple a commencé la veille avec les Birdy Hunt pour une première session nettement plus confort. Il faisait chaud, les buches crépitaient, on aurait pu rester là tout le week-end à faire griller des marshmallows en pantoufle. Sauf qu’en fait non.
Le plan de route d’Adrien Marchand, dit « le guide », était très clair et c’était même marqué en gros sur le carnet de route : dimanche, direction Saint Malo pour filmer Olympia Fields. Composé de cinq musiciens rennais, le groupe s’est formé en 2011 et revendiquent de son propre aveu une « heavy pop », à traduire par « pop waterproof capable de résister à la tempête, à la flotte et au vent qui décorne les bœufs ». C’est ce qu’on va voir, les gars…

Arrivé quelques minutes plus tôt à la gare, j’ai rejoint l’équipe Ricard Live Music ; sur le quai m’attendent Adrien et le réalisateur Rod Maurice qui visiblement n’a pas apprécié ma comparaison de la veille (c’est vrai que je l’ai comparé à un Hobbit monté sur ressort) et me le fait savoir : « toi tu ressembles au Grima du Seigneur des Anneaux, la langue de vipère un peu sournoise ». C’est ma foi bien trouvée, on aura 15 jours pour vérifier si je suis à la hauteur de ma réputation. Petit arrêt au stand sandwich pour refaire le plein d’énergie, à peine le temps de faire le point sur la mission du jour qu’il faut repartir direction la Tour Solidor, un donjon situé sur la côté de Saint Malo dont on apprendra plus tard qu’il fut construit au Moyen-âge et servait de tour de guet, puis qu’il fut transformé en prison par Napoléon. Tout un programme. Le ciel est gris, ambiance Fort Boyard à Saint Malo. On va voir si les Olympia Fields sauront trouver la clef pour sortir indemne de cette épreuve.

D’ailleurs les voilà qui débarquent. Ils nous apprennent que comme les Birdy Hunt, voilà trois jours qu’ils répètent pour nous livrer un inédit. On apprécie la prise de risque ; c’est courageux de se taper 45 minutes de route pour livrer en live nouveau morceau face à trois inconnus, le tout dans un incroyable décor de bout du monde, en extérieur avec cet imprenable donjon en arrière plan. A peine le temps de débuter notre interview dans les toilettes publiques pour se protéger du froid – et pour apprendre qu’Olympia Fields c’est surtout un groupe de live et qu’une de leurs influences n’est autre que Hyphen Hyphen – qu’on est sauvagement coupé : c’est l’heure de s’installer les gars, c’est parti pour la session. Alors que la radio du gardien souffle le Belle Ile en mer de Laurent Voulzy, le groupe s’exécute et déballe son matériel avec une mer gentiment déchainée juste derrière, en sautillant sur place pour se réchauffer les membres. Faut dire qu’il caille sévère à Saint Malo. Jouer en extérieur par -15 (bon okay, j’exagère un peu) c’est un sacré challenge, on apprécie qu’ils jouent le jeu. Et mieux que bien d’ailleurs, vu les conditions. Conclusion : les rennais jouent fort au château. Pierre, le chanteur au synthé, gueule à cappella pour se faire entendre, le reste du groupe livre une rythmique pas si éloignée de Foals et la session, débutée avec des gants pour éviter la congélation, est finalement mise en boite en 30 minutes chrono. Clic clac, c’est Kodac. Direction le café du coin après avoir appris que le morceau joué à l’instant par le groupe s’appelle… Alone. Face aux éléments déchainés, ça pouvait pas mieux tomber.

A partir de là, tout se mélange sur le carnet et la journée, qui se finira sur les rotules après 5 heures de route pour arriver à Paris vers 22H00, sera un mélange de punchline dignes d’un Booba secoué comme un cocotier. Extraits :

15.25, le groupe livre sa pire anecdote de tournée : « Avoir joué au sous-sol d’une pizzeria à Paris, le lendemain d’un concert au Bataclan. Gros plan loose ! Mais c’est très formateur… »

15.40, grand débat sur le succès de Fauve qui vire au clash face à Adrien, avec Rod et votre serviteur dans le rôle des haters : « Fauve c’est une grosse blague surestimée, c’est rien de plus que du songwriting skyblog ! »

17H20, sur le chemin du retour Adrien nous fait une étonnante confidence à propos de ses deux lapins chéris comme des enfants : « Le garçon s’appelle Mizu, la fille s’appelle Blue. L’avantage avec les lapins c’est qu’ils sont végétariens, au moins je suis sûr qu’ils me boufferont pas ».

17H22, Adrien encore : « Okay ils vivent en moyenne 7 ans, mais les lapins ils vivent toute la vie dans ton cœur ».

18H47, Rod Maurice parle de la France d’aujourd’hui : « La grande différence avec les années 80, c’est qu’aujourd’hui les mauvais parents sont davantage prêts à buter leurs gosses ». Grosse ambiance dans la voiture.

Moi, tentant un inattendu rapprochement entre l’Europe et le soutien aux jeunes talents : « Le traité de Maastricht et le prix Ricard Live c’est la même chose, il faut tenir compte de l’avis du public mais à la fin c’est le jury qui doit trancher. »

Rod, sur une aire d’autoroute, nous confiant qu’il ne boit plus rien d’autre que du Coca Cola depuis une quinzaine d’années (!!) : « L’eau c’est dégueulasse ça n’a pas de goût »

On pourrait évidemment continuer comme ça sur au moins deux pages, mais le fait est que cette journée a tenu ses promesses. Une formidable session tournée dans un lieu inhabituel, un groupe de gamins – ils ont 20 ans de moyenne d’âge – hyper décontracté et motivé, puis assez de fous rires pour tenir au moins trois semaines en lisant le bottin à l’envers. Au moment de terminer le récit de ce dimanche à Saint Malo, une info lâchée dans l’après-midi par les Olympia Fieds remonte à la surface. La veille ils ont joué à Rennes avec les Colt Silvers – un groupe finaliste du prix Ricard S.A. Live qu’on retrouvera vite en session – et visiblement, ça s’est très bien passé : « Vous penserez bien à demander aux Colt Silvers comment s’est finie leur soirée avec les drag queens… ». On n’en saura pas plus, mais promis les garçons, on mènera notre enquête…

Trois questions express à Olympia Fields

Qu’espérez-vous du prix Ricard Live ?

Pouvoir tourner encore davantage en 2014, avoir la chance d’être repéré par un label.

Hormis vous (évidemment), quel groupe mérite le plus de gagner cette année ?

Rainmaker, Birdy Hunt ou les Colt Silvers. Sans aucun doute, l’un de ces trois là.

Votre argument choc pour séduire le jury Ricard Live ?

On dirait qu’on n’a jamais autant répété qu’en ce moment, et surtout qu’on est un vrai groupe de live. En ce moment on se donne vraiment les moyens pour atteindre nos objectifs, on pense qu’à ça !

À propos de l'auteur :
Bester

Fondateur et rédacteur en chef du site et magazine Gonzaï, Thomas (aka Bester) dirige également Jack, la plateforme musicale de Canal Plus. Il est l’un des membres historiques du jury du Prix Société Pernod Ricard France Live Music et écrit régulièrement sur le site pour dispenser des bons (et quelquefois mauvais) conseils aux groupes qui voudraient faire carrière.

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