J’IRAI FILMER CHEZ VOUS : KIZ (JOUR 3)

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Filmer les 15 finalistes du Prix Ricard S.A. Live Music 2014 dans des conditions rocambolesques et raconter le tout dans un carnet de bord quotidien, tel est depuis vendredi dernier notre pari fou. C’était déjà bien parti avec Birdy Hunt et Olympia Fields, et ça continue avec Kiz, rencontré hier à Paris. Ou plutôt « retrouvé hier à Paris » puisque le groupe a changé d’identité depuis sa première participation à notre prix voilà 2 ans. On vous explique tout ça, et bien plus encore, juste en dessous.

C’est un lundi matin difficile où les yeux s’ouvrent plus difficilement que des stores rouillés. A peine rentré la veille au soir de notre périple à Saint Malo avec les Olympia Fields qu’il faut déjà renfiler un caleçon propre. Eh oui jeunes gens, que voulez-vous, la musique n’attend pas. Au programme aujourd’hui, deux sessions sont prévues ; la première avec Kiz, la seconde avec les lillois de Okay Monday. Direction un appartement du 11ième arrondissement à Paris, petit coup sur l’interphone et montée dans l’ascenseur. « Apparemment faut monter au dernier étage s’exclame Rod, c’est déjà bon signe ». Il ne croit pas si bien dire, et ce n’est que le début…

Formé voilà 3 ans à Paris, Kiz est un groupe aux vies multiples. Avant le groupe possédait un nom à rallonge que les bègues auraient certainement eu du mal à prononcer, mais ça c’était avant. Parce qu’avant Kiz s’appelait Alice Marc and the No band, en hommage aux prénoms des deux leaders et au fait qu’ils n’avaient pas de musiciens pour les accompagner, mais ça c’était avant de participer au prix Ricard Live Music en 2012, année où un mystérieux Adrien M. leur conseilla de changer de nom (« ça a été le déclencheur pour nous » confiera Alice). Trop long, trop compliqué. Et surtout, de l’aveu même de Marc, « hyper galère à dire en concert ». On veut bien les croire. Deux ans plus tard, c’est donc Kiz qui nous ouvre la porte d’un immense appartement appartenant aux parents d’Alexis, le batteur. Hilare, Marc lance un « tu vois on n’a pas changé » à Rod qui les a déjà filmé, qui s’empresse de répondre « enfin si, le nom du groupe quand même ». Les (re)présentations étant faites, c’est l’heure d’ouvrir la porte de la chambre d’Alexis où une surprise de taille nous attend.

En fait, ce n’est pas vraiment une chambre, plutôt un immense magasin de jouets dédié à tout ce qui a composé notre enfance – surtout si vous êtes né(e) dans les années 80.  Du sol au plafond, collées un peu partout, des figurines WWF encore sous blister qui donneraient surement des nuits blanches aux collectionneurs, et derrière une vitrine, quasi sous scellée, l’intégralité des figurines des Chevaliers du Zodiaque, méticuleusement astiquées, qui nous narguent fièrement derrière leurs armures. A ce stade, vous aurez bien compris que c’est ici qu’aura lieu la session, dans cette hallucinante pièce étriquée où nous sautons comme des gosses en ayant l’impression de retrouver nos 10 ans. C’est parti pour une installation rocambolesque avec peu de place pour bouger, Rod demande s’il peut « déplacer la tortue Ninja » qui l’empêche de filmer et au loin, derrière la fenêtre, on aperçoit Paris en vue 16/9, de la Tour Eiffel à Montmartre. A chaque jour son rebondissement, celui là est de taille XXL.

Du morceau choisi, Est-ce que tu sang, on n’entendra finalement pas grand chose car Adrien et moi avons été expulsé pour des raisons logistiques – pas assez de place, c’est pire qu’un métro aux heures de pointe cette chambre – hormis des références évidentes à Matthieu Chédid dans le parti-pris du Français dans le texte, mais aussi dans l’orientation des mélodies. Planqué derrière la porte, on entend un canard en plastique qui sert d’instrument, tout va bien les enfants, je compose le 18 sur mon téléphone…

Voilà c’est terminé, la session est mise en boite en deux temps trois mouvements. On file dans une célèbre enseigne de restauration rapide dont la mascotte est un clown qui fout les chocottes pour échanger quelques mots avec Kiz en avalant un burger. La bas, on apprend que le groupe a tout plaqué pour se consacrer à la musique, qu’il choisi ce nom en mélangeant les lettres comme au Scrabble et que Marc, comme Adrien, a développé une étonnante passion pour les… lapins. A partir de là, la situation devient hors de contrôle. Les voilà qui s’échangent des photos de leurs animaux respectifs ; Marc évoque larme à l’œil le décès de son ancien lapin et raconte ce dernier souvenir poignant de Bouboule – feu son lapin – en soins intensif dans une clinique pour… lapins. Un peu dépassé par les événements, Rod et moi-même posons la seule question censée qui vaille: serions-nous les seuls êtres humains normaux autour de cette table ?

14H00. Il est l’heure de se quitter pour rejoindre les Okay Monday, pour une session dont on vous racontera les détails demain, avec encore un paquet de choses improbables à l’intérieur. Devant le restaurant, on assiste à un étonnant marchandage entre les deux lapinophiles qui s’attardent pour parler de, je vous le donne en mille… :

Marc : « Pour mon lapin j’avais récupéré l’équivalent de 8 ans de foin bio, mais comme il est mort je ne sais plus quoi en faire. Ca t’intéresserait ? »

Adrien : « Ah oui, carrément ! »

Si c’est pas de la corruption de jury ça !

 

TROIS QUESTIONS EXPRESS À KIZ

Qu’espérez-vous du prix Ricard Live ?

Marc : Le prix Ricard S.A Live Music c’est beaucoup de scène pour le vainqueur, ça nous intéresse. Et justement il me semble que Kiz apporte quelque chose d’original, on n’a pas une configuration classique sur scène.

Hormis vous (évidemment), quel groupe mérite le plus de gagner cette année ?

Marc : pour moi c’est Neeskens, le guitariste qui fait de la folk tout seul.

Alice : pour moi ce sont ceux qui chantent en Français, un peu marrant et électro, Poom. Et puis aussi Holy Two, parce que c’est un duo et que forcément ça nous intéressait de voir ce qu’ils faisaient de leur côté.

Votre argument choc pour séduire le jury Ricard Live ?

Alice : Je trouve qu’on se démarque un peu des derniers gagnants du prix – même si on se rapprocherait plus de Namasté – par le fait qu’on chante en Français par exemple.

 

À propos de l'auteur :
Bester

Fondateur et rédacteur en chef du site et magazine Gonzaï, Thomas (aka Bester) dirige également Jack, la plateforme musicale de Canal Plus. Il est l’un des membres historiques du jury du Prix Société Pernod Ricard France Live Music et écrit régulièrement sur le site pour dispenser des bons (et quelquefois mauvais) conseils aux groupes qui voudraient faire carrière.

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