Sans préparation et avec une seule caméra. Ça commence comme dans la célèbre émission d’Antoine de Maximy à qui on chipé le titre de ce carnet de bord, et ça se finit aujourd’hui dans les Yvelines, à Houilles, pour une session avec les strasbourgeois de Colt Silvers dans une incroyable maison-musée, à vous faire croire que Crocodile Dundee a entreposé tous ses tableaux au fin fond de l’Amazonie. Quand rien n’est prévu, tout est possible ; la preuve par l’image avec le récit de cette sixième journée sur la route.
A force d’enquiller les sessions avec chacun des groupes finalistes du Prix Ricard S.A. Live 2014, j’ai fini par m’adapter. Aux situations improbables, aux surprises de dernière minute, aux imprévus qui visiblement ne font plus sursauter mes deux compères, désormais rodés à l’exercice. Du coup j’ai décidé de ne pas préparer cette intro, d’une parce qu’à l’heure où je vous écris il est déjà 01.22 du matin, et de deux parce que ne sachant jamais à l’avance dans quel endroit nous allons atterrir, il s’avère un peu vain de vouloir écrire le scénario à l’avance.
Que vous dire du début de cette sixième journée, à quelques kilomètres du point de rendez-vous donné par les Colt Silvers ? Qu’on ne sait pas précisément chez qui l’on va, qu’on sait encore moins quelle sera la configuration choisie par le groupe, mais aussi que Rod, Adrien et moi avons eu de passionnantes discussions dans notre Batmobile ; en vrac : Christophe Hondelatte est-il plus ridicule que Dorothée ? Philippe Risoli est-il mort ? Louis de Funès est-il l’équivalent français de Jim Carrey ? Je vous fais l’impasse sur le reste de nos débats enflammés, le GPS nous indique qu’on est arrivé à destination. Face à nous, une grande bâtisse dissimulée derrière un mur de lierre. Et derrière, une grande claque dans la figure nous attend encore. Ça en deviendrait presque une routine.
On résume la situation : à l’intérieur on trouve des mannequins avec des masques d’Arlequin surplombant une salle à manger transformée en studio d’enregistrement, des tableaux fait maison qui recouvrent tous les murs, un jardin tropical à perte de vue, des néons et des fils rampant partout à nos pieds et l’impression diffuse que cet endroit a déjà vécu mille vies ; que bref, on est à la fois ici et ailleurs. Ah, j’ai oublié le plus important : au milieu de ce formidable bordel artistique, les Colt Silvers en rang serré, prêts à nous jouer As We Walk. Tout le monde s’installe, on écarquille les yeux sur le décor et on apprend que le manager est également batteur du groupe depuis 6 mois, « parce que l’ancien [batteur] a été perdu ». Genre plouf, disparition.
En parlant de disparition, on a justement appris quelques jours plus tôt de la bouche des Olympia Fields qu’un des membres des Colt a fini la soirée de samedi dernier à Rennes avec « un slip sur la tête ». Alors, info ou intox ? « En fait c’est notre ingé lumière » précisera plus tard le batteur-manager, « et ça s’est fini avec un nez cassé » rajoute un autre. Mais pourquoi donc ? « Parce que les rennais sont chauds comme la braise, et qu’alors que l’ingé faisait joujou avec son slip, un type qui tentait de décrocher un panneau fixé en hauteur lui est tombé dessus ». Conclusion : du sang qui pissera toute la nuit par les cloisons nasales. Epique.
Epique aussi la session. Alors que tout semble prêt pour capter As we walk – « ça parle de nourriture chinoise ? » s’interroge Adrien, attention blague wok = walk, HUMOUR – le décollage prend finalement du retard, la faute à des galères d’installation et de câbles qui n’envoient pas le jus. Ce qui donne au passage des phrases ambigües qu’on a consignées dans le carnet, du genre « vite vite dépêche toi rentre le vite dans le trou, non vas-y ressors ». A force d’obstination les câbles finissent par s’enfiler dans le bon sens et la session se met en boite avec un morceau qui fait parfois penser à The XX gavés aux EPO. 20 minutes plus tard, As we walk et son final de clubbing possédé sont dans le boitier de Rod, on souffle enfin. Enfin juste un peu, puisqu’il faut décoller vers Pantin pour une session avec la Classe. Autre ville, autre style.
Et au fait, le nom choisi par les Colt Silvers est-il un hommage à la série américaine de L’homme qui tombe à pic (le héros s’appellait Colt Seavers) ? Affirmatif mon capitaine. « C’est effectivement une de nos références » dit le groupe, « on est très influencés par le cinéma, les séries, la culture geek, on a d’ailleurs déjà fait des ciné-concerts et repris les B.O. de Bienvenue à Gattaca, Eternal Sunshine… Et d’ailleurs même notre premier album – Night of the living robots – est une référence au cinéma, précisément au film de zombie de Romero ». Avec tout ça, on aura bien compris que l’objectif des Colt Silvers, c’est de transporter l’auditeur. Attachez vos ceintures jeunes gens… quant à nous, on est déjà parti vers Pantin pour rencontrer La Classe, autre finaliste qui nous attend pour une session aux petits oignons. On vous raconte tout demain.
(PLUS OU MOINS) TROIS QUESTIONS EXPRESS À COLT SILVERS
Qu’espérez-vous du prix Ricard S.A Live Music ?
Colt Silvers : Tourner un maximum ! Comme c’est l’année où l’on se lance vraiment, le Prix Ricard S.A Live Music c’est une super opportunité pour jouer dans de belles salles. Jusque là, on a déjà pas mal tourné par nos propres moyens mais l’inconvénient de tout faire soi-même, c’est que ça prend pas mal de temps, donc gagner serait une belle occasion pour monter en puissance.
Et hormis vous (évidemment), quel groupe mérite le plus de gagner cette année ?
Pas facile comme question ! On connaît déjà certains groupes comme les Birdy Hunt ou encore les Olympia Fields, qui sont peut-être les plus proches de nous musicalement, ou encore les Toybloïd qu’on suit de loin depuis qu’on les a rencontré à Strasbourg. Mais s’il faut en choisir un, on dirait les Birdy, peut-être le groupe qui est le plus dans la place.
Votre argument choc pour séduire le jury ?
On est tous barbus ! Comme ça semble avoir plutôt bien marché pour Clovis Cornillac, pourquoi pas pour nous ?