Vous le savez, Ricard S.A Live Music est l’un des partenaires historique du FAIR. Pour inaugurer l’année 2012 avec notre rubrique « l’artiste Fair du moment », nous nous sommes intéressés au cas de Kid With No Eyes. Nous avons donc demandé à deux blogueurs qui nous sont proches de nous donner leur vision de cet intriguant artiste: Rod du Hiboo nous a gratifié d’un magnifique Hiboo d’Live mis en mot par le talent et la passion de NotSoBlonde du Blog de la Blonde:
Mon histoire avec Kid With No Eyes a commencé d’une bien étrange façon.
Sur une scène parisienne où il se produisait en tant qu’invité, interprétant seulement quelques titres, seul à la guitare, sans s’annoncer. Immédiatement, j’ai été subjuguée. Par le grain de voix, déjà, cette rugosité du timbre qui provoque irrémédiablement les frissons. Par la grâce des compositions ensuite.
En live, seul avec sa guitare, l’effet est saisissant : La magie opère sans que l’on comprenne bien pourquoi. Immédiatement j’en suis convaincue, ce kid là est un mugicien. Un de ces musiciens-magiciens qui excellent dans l’art de fabriquer du merveilleux à partir de presque rien. Il est de ceux qui bricolent des morceaux qui font voyager l’auditeur bien loin dès lors que celui-ci se laisse happer par les mélodies enveloppantes. Un des rares capables de faire sourdre des émotions du plus profond de ton âme. Celles qui te laissent pantois, ébaubi, bien incapable d’expliquer pourquoi.
Sauf que ce soir là, impossible de récupérer le nom de l’artiste qui m’avait tant émue. Je quitte donc la Bellevilloise un peu étourdie par la jolie rencontre musicale et fermement décidée à retrouver au plus vite un lien vers la musique de celui qui m’avait tant émue. C’est seulement quelques semaines plus tard que je tombe par hasard, alors que je ne le cherchais plus, sur Kid With No Eyes aka Clément Verzi, hors scène.
Dès cet instant, j’ai suivi de près son travail. Qu’il se produise seul sur de petites scènes ou en première partie de Yaël Naïm avec qui il a travaillé (sur son album éponyme il partage avec elle un duo (« Shelcha »)) devant un public bien plus nombreux, l’effet est toujours aussi sidérant. Quand il entonne son chant, ses mots et l’intensité de son interprétation font que le temps semble se suspendre.
Dès lors qu’on a assisté à un concert de KWNE on réalise combien il est difficile de rendre une telle émotion, en photo ou en vidéo. Mais voilà KWNE est lauréat de la sélection 2012 du FAIR et à ce titre le Hiboo doit relever le défi de tenter de rendre accessible par l’image l’authenticité touchante de ce conteur surdoué. Loin du décor habituellement associé à la folk boisée qui sent bon le feu de cheminée, le décor est planté dans une station de métro. Pas n’importe où. A Auber, sur des tapis roulants où les parisiens pressent le pas.
Dédaignant les clichés associés à ce genre musical, boudant les grands espaces et les cabanes en bois, le Hiboo choisit de mettre en scène le Kid dans un environnement urbain. Bien lui en a pris : Le contraste est saisissant entre l’interprétation habitée et l’apparente indifférence des passants. Qu’importe cette foule qui file vers son destin, le kid continue son chemin, sans esbroufe. Clément joue simplement son morceau et l’instant n’en est que plus beau alors que pourtant il semble comme intégré à un décor qui n’est pas le sien. Déjà par le passé, alors qu’il produisait seul des vidéos pour promouvoir son projet, il avait tenté ce genre d’expérience, s’installant chez un caviste et chantant ses textes mélancoliques au milieu des clients qui semblaient ne pas faire grand cas de sa présence.
Que penser de ceux qui filent droit devant eux sans prendre le temps de prêter l’oreille à cette voix troublante qui s’offre à eux dans un endroit des plus inattendus ? Qu’ils mériteraient sans doute de sortir de leur bulle l’espace d’un instant pour ne pas passer à côté de tels moments.
Heureusement, le Hiboo a capté un peu de la magie de cette session souterraine et nombreux sont ceux qui vont désormais pouvoir savourer cette version acoustique de Better Man, titre qu’on a déjà pu entendre notamment interprété en duo avec Yaël Naïm au festival Musik’Elles et qui devrait figurer sur l’album de KWNE attendu pour la rentrée prochaine. Ce morceau au même titre que le reste du répertoire de KWNE confirme qu’il appartient au clan des esthètes dénués d’affectation qui misent davantage sur leur charisme et l’efficacité imparable de leurs mélodies émouvantes conjuguées à un songwriting convaincant que sur une mise en scène tapageuse.
Quelque soit l’endroit, l’émotion est là. Magie des mélodies élégantes sur lesquelles se pose son inimitable grain de voix.