Comme l’an dernier, nous avons demandé à notre collaborateur/photographe Rod de couvrir et de vous raconter (à sa manière ! ) le festival Soirs d’Eté dont nous sommes à nouveau partenaire cette année. Récit de la quatrième soirée de concerts :
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Gamin, je rêvais d’être Esteban, fils du soleil. Oh pas pour tenter de me pécho Zia, visiblement je m’y serais pris comme un gros manche. Et puis c’était une allumeuse. Non, mais pour faire apparaître des rayons lumineux lors de pluies diluviennes, sauvant à moult reprises la vie de mes nakamas. J’dis ça parce qu’hier, IL A PLU TOUT LE TEMPS. NON STOP. BORDEL. C’était un peu lourdingue. Du coup, grâce à un poto photographe, je me suis déguisé en templier ninja, bien protégé ainsi des agressions célestes. Mon appareil a moins aimé. Mais on s’en fout parce que là, je vais te causer yeux dans les yeux des concerts. Et le moins que l’on puisse dire : entre Griefjoy et Natas Loves You, le coup de cœur va être difficile à décerner. Allez, soyons fou, soyons désinvoltes, vu que ce n’est pas l’homme qui prend la mer : EX-EAQUO. Ah ouais, j’t’avais prévenu, taré le mec.
(19h : il pleut)
Au cours des 8 dernières années, j’ai du voir plus de 3 000 concerts (sans doute beaucoup plus, mais partons sur cette base, si tu le veux bien. Même si tu ne veux pas d’ailleurs, j’fais c’que j’veux ici, qu’on m’a dit). J’ai pu, je crois, être surpris par bon nombre de formations impossibles à cataloguer … et on pourrait se dire « ouais le mec il fait trop le blasé, toussa, toussa » … bah non : un groupe comme LE VASCO, qui a ouvert les hostilités hier, ne ressemble à rien de connu. Parlons déjà de la configuration, peu banale : machines, guitare, clarinette* (oui, bah oui, tu sais comme dans Domine Deus du Gloria de Vivaldi. Ou Christian Morin, histoire de faire le grand écart), une chanteuse qui ne paie pas de mine, de prime abord. Pis tout se met en place, et … WTF !!!!!!!!!!!!! Les titres se suivent et ne se ressemblent pas, passant sans vergogne de l’electro brutal au hip-hop le plus corrosif, le tout avec des bridges super mélodieux emportés par des soli de clarinette totalement hallucinogènes. Seul reproche : l’accent anglais brevet des collèges, un peu hard. Mais pourquoi pas, le projet est tellement barré que ça finit par être cohérent. Il fallait être très aware pour apprécier à sa juste valeur ce quintet ultra original. Sous une pluie battante, avec des températures peu clémentes, et des premiers rangs venus exclusivement pour Klaxons, pas forcément certain que l’alchimie ait eu lieu.
(20h : il pleut)
NATAS LOVES YOU. Chouchoux de la soirée. Il faudrait que j’invente des mots qui n’existent pas dans le dico. C’est vraiment bien foutu. Il se dégage un truc ultra optimiste, tant musicalement que scéniquement. Les mecs ont un bon level, mais s’éclatent comme des gosses. Quand tu vois des mecs prendre autant de plaisir à jouer, forcément, même sans connaître le moindre accord, tu adhères. En ces temps où l’on t’annonce tous les jours la fin du monde, la disparition des roux à cause du changement climatique (non mais c’est vrai hein … l’humanité va juste perdre les plus belles femmes du monde, tu ne réalises pas encore car tu en connais, mais dis-toi que leur temps est compté, tout ça à cause des prouts de vache), rencontrer Natas Loves You fait du bien. Poussons le bouchon + loin (de la part d’un mec dont le nom de famille est Maurice, c’est raccord) : ce groupe a été le rayon de soleil qu’on a tous cherché hier en vain. Merci les mecs. Signé Rod Loves Natas who Loves You.
(21h : il pleut)
Quitte à être trempés jusqu’aux os, autant rester. Après tout, une bronchite en juillet, ça peut être classe. GRIEFJOY, répondant jadis au doux patronyme de Quadricolor, fut clairement mon groupe préféré (chouchou = kawai à surveiller de très près, groupe préféré = groupe préféré). Des compos chiadées, des rythmes éblouissants, une capacité à transporter des morceaux jusqu’à les faire exploser et à faire jumper le public d’une force phénoménale, des hits sur hits, tantôt dancefloor, tantôt harmonieusement divins, on sent dans ce groupe une exigeance supérieure à la normale. Une version très british finalement de la musique. Le clou de la soirée étant le final de Touch Ground, tube imparable et foutrement efficace, où la pluie s’est transformée en véritable chute d’eau. Tout le monde s’est mis à jumper, c’était juste fou. JUSTE FOU. Bon t’as compris, je les aime, et pis c’est tout.
(22h : il pleut)
Et rien de tel que de finir une soirée éprouvante avec une énorme déception. Many years ago, I saw this band and I kept an incredible moment. I thought with time it would be more impressive. DAMMIT, GOSH, NO WAY. Klaxons porte désormais bien son nom : c’est désormais devenu un groupe POUET POUET. Adieu les prises de risque, adieu la présence scénique électrique (on sent bien encore quelques restes, mais on est loin de la grande époque), mais bordel, t’es passé où le groupe ? Tu étais si dingue et si innovant en 2007, pourquoi t’es devenu ce que tu as présenté hier soir ? Quitte à écouter de l’électro dance sans saveur, autant mater Calvin Harris, au moins lui n’arnaque pas. Mention spéciales à tes chaussures, le public ne les voyait pas, mais j’ai trouvé celles de Jamie Reynolds classes à souhait. Tu te rends compte le niveau de déception ? Je suis obligé de trouver des trucs positifs dans des godasses quoi … Inutile de te dire qu’aux premiers rangs, elles penseront EXACTEMENT le contraire, il ne faut pas oublier qu’elles ont attendu leur Pouet Pouet 5h sous la pluie, et qu’elles ont dansé sur l’ensemble de la setlist … les (dé)goûts et les couleurs, hein :)
De toute manière, ce 9 juillet était un jour particulier. Et je comprends tout à fait les gens qui ont préféré regarder Les Experts / Friends / Josephine Ange Gardien / Thalassa (ou ce que tu veux, même ton match de foot, tiens soyons fou) plutôt que de se tremper les os. Du coup, un GIGA BIG UP digne de Bonjour Tristesse à tous ceux et toutes celles qui ont bravé les intempéries, même si la barrière entre courage et folie était finalement bien mince :)
* EDIT / en fait pour le Vasco, ce n’est pas une clarinette, mais un saxo soprano. La honte. C’est comme si j’avais confondu un banjo avec une mandoline.